Au départ : une caméra à l'épaule, conférant un aspect brut et très amateur à l'image, au risque de paraître bancal. Mais le réalisme y est et nous devenons ainsi témoins véritables de l'enchaînement des événements.
Dans les faits, ça commence par un dîner familial classieux, propre sur lui, dans un beau château, pour l'anniversaire du père. Rien d'intéressant.
Mais de vieilles plaies refont surface et exposent le véritable visage du père aux oreilles de cette société mondaine. Un malaise moral vient remuer les invités comme le spectateur, qui assiste à cette révélation dans un cadre qui répond de conventions sociales bien définies.
C'est à ce moment que les apparences tombent et que le naturel de chaque individu reprend le dessus, chacun se dévoile peu à peu avec toute sa noirceur. L'approche est viscérale, perturbante, et sans grands artifices ; tout se fait dans l'instantané et sur le vif, sans mesure de bienséance. C'est ce qui fait la force du film et le rend aussi percutant. A noter, les cuisiniers, personnages travaillant en arrière-plan, qui viennent aider à mettre sur la table la vérité, dans un but assurément cathartique.
Note : c'est d'ailleurs très intéressant de le voir après des films plus récents de Lars Von Trier (rapport au dogme95, manifeste qu'il a co-écrit avec Thomas Vinterberg), on remarque - évidemment - beaucoup de similitudes, à commencer par la volonté de bousculer l'ordre moral et de mettre à mal le bon sens du spectateur. On reçoit un peu mieux aussi la violence du film, du moins on l'accepte plus rapidement (quand on pense à d'autres actes ignobles vus dans Dogville par exemple). C'est surtout l'idée d'un dîner mondain où l'ambiance est plombée qui m'a beaucoup rappelé la première partie de Melancholia.