Avant toute chose Festen est un film déroutant sur le plan formel.
En effet l'image tremblotte en permanence et présente un grain plus ou moins marqué tout au long du film (quand elle n'est pas carrément floue) et il n'est pas rare d'apercevoir en périphérie de l'image ce qui semble être le pourtour de l'objectif (ne me demandez pas comment) ainsi qu'une perche vers le milieu du récit. Les plans sont quant à eux plus qu'expérimentaux à tel point que le film ressemble bien souvent à un film de vacances.
Cependant loin d'occulter l'histoire, ce côté amateur permet au contraire de la rendre plus forte et réaliste, comme si nous la percevions au travers des yeux d'un cousin ou ami invité à la réception. Car Festen est l'histoire d'une réception en l'honneur de l'anniversaire d'un vieil homme au cours duquel un de ses fils va tenter de dévoiler au grand jour un secret de famille.
Mais cette révélation arrive bien entendu comme un cheveu sur la soupe et tout le monde tentera de clouer le bec de l'importun qui aura osé mettre les pieds dans le plat en éclaboussant l'honorable patriarche. Cependant quelques pains et autres marrons dans la poire n'arrêteront pas notre homme bien décidé à dévoiler au monde (ou tout du moins à ses proches) la vérité malgré l'opposition de sa propre famille, aidé en cela par toute une cohorte d'aimables cuisiniers et une ravissante soubrette pour qui la récompense souhaitée ne fait aucun doute.
Toute cette petite histoire est assez bien menée et même si très vite le secret en question devient un secret de Polichinelle on suit sa révélation et les péripéties qui en découlent avec un vif intérêt et une réelle sollicitude pour le héros. Tous les personnages sont travaillés et on en arrive à comprendre les motivations de chacun, quelle que soit ses actes, à l'exception bien entendu du monstre qui sommeille parmi eux qui demeure, lui, impardonnable.
Un très bon film donc sur un sujet difficile, le tout en Dannois qui plus est. A voir.
PS: Pour tempérer un peu cette critique que certains pourraient qualifier de dithyrambique je dirais cependant que le sujet étant ce qu'il est il est (à l'instar des films sur l'euthanasie, la Shoah ou le handicap) peut être plus susceptible d'émouvoir et de susciter l'approbation qu'un film du même genre sur un tout autre sujet...