Pouvait-on vraiment espérer que Cédric Kahn, et son cinéma souvent singulier et original, renouvelle un genre qui semble avoir épuisé toutes ses potentialités et avoir atteint son acmé avec Festen ? Fête de famille, entièrement situé dans une belle maison cossue du sud-ouest de la France, oscille entre tendresse et règlements de compte avec des personnages qui sont peut-être trop définis depuis le départ, des caractères très opposés, bien entendu, qui alternent douces paroles et invectives, surtout quand des raisons pécuniaires s'interposent. L'équilibre précaire de cette famille dysfonctionnelle est sérieusement ébranlé par un personnage moins facile à cerner, aux confins de l'hystérie, qui plonge cette réunion d'anniversaire dans un psychodrame outré, qui n'est d'ailleurs pas sans ressorts comiques. Emmanuelle Bercot, au centre de l'attention, occupe trop de place dans ce vaudeville cruel, notamment au détriment de Catherine Deneuve ou de Cédric Kahn lui-même, un peu sacrifiés car apparemment "normaux". Il est assez logique que le film s'intéresse à la tête qui dépasse, surtout si elle parait mal fonctionner, mais le film s'embarque dans cette voie sans retour possible, en y perdant au passage un peu de la fantaisie qui en faisait beaucoup l'intérêt. Les dernières images de Fête de famille renforcent le malaise qui s'est installé peu à peu, laissant un goût amer et un tantinet dubitatif sur ce que l'on vient de voir.