De la fin des années 1970 au début de la décennie suivante, la mode est au slasher. Le film d’horreur se conjugue à tout ce qui se peut couper, trancher ou percer, incarné par un terrifiant croquemitaine. Slumber Party Massacre suit la vague, mais à sa façon.
Des jeunes femmes, amies et membres d’une équipe de basket-ball, décident d’organiser une fête en l’absence des parents de l’une d’elles. Interdiction aux garçons de venir, mais les petits amis tourneront autour de la maison. Pas seuls d’ailleurs, puisqu’un tueur évadé d’un asile va jouer de sa grosse foreuse.
Le genre est à peine formé, Halloween date de 1978, Vendredi 13 de 1980, Freddy arrivera en 1984, que la scénariste et romancière Rita Mae Brown veut le parodier. Il faut bien reconnaître que le film du slasher repose sur des poncifs décalqués de films en films. Les producteurs feront modifier le script, mais on peut supposer qu’il en reste des traces. Le caractère enjoué et léger des personnages féminins en serait une bonne rémanence, tant elles sont cruches, interchangeables mais sympathiques et jolies. Il n’y a pas de garces à proprement parler, mais ce seront évidemment ceux les plus purs et les plus gentils qui s’en sortiront.
Les apparitions du tueur sont là pour créer de la surprise, mais la peur ne s’invite jamais. Chaque exécution, et le film n’en manque pas, est expédiée, sans sangs ou presque, malgré les dégâts qu’une foreuse pourrait faire, telle qu’on la voit.
Malgré tout, le film propose quelques moments humoristiques qui, mêlées au thème du film, peuvent faire sourire, comme le cadavre dans le frigo. Il y a plein de situations incongrues ou de problèmes de raccord qui s’ajoutent à la côte de sympathie du film, bien qu’involontairement. Un des meilleurs exemples étant cette batte de base-ball vers la fin du film qui s’ajoute entre deux prises.
La majeure partie des acteurs est féminine, la scénariste est une femme et la réalisatrice aussi, Amy Holden Jones, qui préféra réaliser ce film, financé par Roger Corman, plutôt que travailler pour le montage vidéo du film d’E.T. Il y a des choix de carrières… Avec une telle équipe féminine, on ne peut qu’être surpris de découvrir que le film est une ode aux amateurs de jolies femmes.
Si le taux d’apparition de seins décroît à partir de la moitié, le film alterne un match de basket-ball où le soutien-gorge semble proscrit, une séance de douche collective puis une séance d’enfilage de nuisettes et de pyjamas devant tout le monde lors de leur soirée. Sans aucune pudeur, c’est beau comme ça rapproche de faire partie de la même équipe. C’est tellement forcé, qu’on s’imagine bien qu’au début c’était pour s’en moquer, mais en l’état, c’est gratuit. Mais pas forcément malsain, c’est filmé de façon légère. Les plus motivés s’intéresseront à la thématique de la foreuse comme outil phallique de domination masculine face au corps féminin. Il y a peut-être un truc.
Le film connaîtra deux suites, toutes deux réalisées par des femmes. La franchise Slumber Party Massacre peut donc se vanter d’être l’une des rares, voire la seule, à avoir été dirigée que par des femmes. Je ne suis pas sûr que ça rende les films plus féministes.
Le premier est donc léger, sans prétentions, et tant pis s’il doit être un peu bébête pour ça. Ses quelques touches d’humour ne lui permettent pas de briller. Une fois que le tueur se met en chasse, l’ennui s’installe fortement, prenant toute la place du canapé. Les meilleurs moments du film sont peut-être ses moments de nudités, gratuits et insouciants.