"Ce qui se passe en mer reste en mer", pas tout à fait
Dès les premiers plans la situation est posée: Alice aime la mer et Félix son petit ami. C'est un personnage au caractère assuré, chose nécessaire quand on est la seule femme à embarquer sur un bateau, le Fidélio, pour y travailler comme mécanicienne.
Bateau vu premièrement comme sombre et menaçant, à travers le brouillard, n'en distinguant que la forme et les lumières. Déjà une tentative de métaphore, la fidélité d'Alice qui sera mise à l'épreuve dans un climat plus que caligineux. Loin de son homme, mais proche de la mer et des marins dont son ancien amoureux, Alice semble nous préparer à une odyssée émotionnelle, intérieure et sentimentale.
D'abord avec les beaux plans d'ensemble et de grand ensemble sur la mer que souvent Alice contemple. Ils sont calmes, immenses et reposants ; s'opposant ainsi aux plans bruyants dans des espaces serrés à l'intérieur vers la machine où travaille Alice.
Après un baiser échangé entre elle et son ancien amour, on comprend que le film veut nous parler d'amour et de la vie en mer. Le problème ? Dans ce film pas d'amour sans sexe, et peu de sexe sans vulgarité. Le film se base sur un cliché de la vie sexuellement difficile et différente en mer, mettant le reste de côté. Alice ne sait pas embrasser un homme sans coucher avec, et ce en à peine 1 mois. Les scènes sexuelles s'enchainent aussi rapidement que la vulgarité touchant à ce domaine: les marins collectionnant les photos et posters de femmes nues et matant du porno, les dialogues qui ne savent se passer de "bite" ou "chatte", etc. Que ce soit présent oui, que le film ne raconte que ça, non. Borleteau doit le savoir puisqu'elle essaie de faire passer la mort de De-Gal (l'ancien mécanicien) comme un implant dramatique avec Alice qui en rêve et lit son journal en regardant ses photos en gros plans. Avec la voix qui les accompagne ces scènes sont très intéressantes mais toute l'intrigue autour de De-Gal aurait méritée d'être approfondie plutôt que d'être maladroitement mise en place pour finalement une vague explication d'Alice à la fin pour nous faire croire que c'était important.
Si Borleteau a, pour un premier long-métrage, réussi une belle esthétique de l'image, allant des plans d'ensemble sur la mer aux gros plans sur les visages et les objets ; dommage que le film s'englue dans certains clichés au détriment de certains points intéressants laissés à l'état d'ébauche.