En écho à des souvenirs disons « colorés », la suite des aventures de Fievel tranche énormément vis-à-vis de sa découverte du Nouveau Monde : succédant à l’immense Don Bluth, la paire débutante (à la réalisation) Phil Nibbelink et Simon Wells (Balto) accouchait d’un long-métrage optant résolument pour le cartoon, s’éloignant par voie de fait des atouts atmosphériques et dramatiques de son aîné.
Nonobstant son succès commercial moindre, les prétentions en berne de ce Fievel Goes West nous sautent littéralement à la face : exception faite des premières minutes, cohérentes avec le précédent volet, le film a tôt fait d’imprimer un rythme sous acide, filant à toute berzingue. Échafaudant en un tour de main une intrigue tenant de la redite (chats conspirateurs, oppression comme motif de nouvel exode), les temps morts seront aux abonnés absents tandis que Fievel, toujours aussi suicidaire, fera avancer tant bien que mal le récit.
Car si celui-ci est sacrément survitaminé, il fait aussi de Tiger l’instigateur principal d’une teneur délurée et inconséquente : difficile en l’exergue de se passionner pour ses déboires « canins », Fievel ne lésinant pas sur l’exagération outrancière et un comique de répétition balourd, d’autant que les constantes facéties et mimiques du personnage tendent à lasser. Dans le même temps, le récit ne capitalise que difficilement sur ses ébauches de tension, à l’image de l’errance du souriceau : les prédateurs sont proprement inquiétants et cet inopiné « bain de bouche » se veut cauchemardesque.
Dommage que tout ne soit contrebalancé par tant d’éléments en roue libre, les indigènes et leur nouveau « Dieu » s’occupant de réunir les deux compères par hasard. En parallèle, la découverte de l’Ouest sauvage est sans surprise une déconvenue pour la petite famille, à la merci de félins se donnant à cœur de se compliquer la tâche ; ainsi, tandis que le destin réunira Fievel et les siens en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le récit ne dérogera pas à la règle de l’extravagant sans poésie, n’en déplaise aux accès sentimentaux de Cat R. Waul (potentiel avorté) et la passation de Wylie Burp (impotent dans tous les sens du terme).
S’il verse dans une dynamique toute autre, Fievel Goes West demeure au bout du compte très similaire à son aîné sans jamais l’égaler, lui qui était pourtant déjà drôlement bancal. Exception faite des séquences évoquées plus haut, il n’y a donc guère à se mettre sous la dent à Green River... et ce, de façon cocasse, tant pour les chats que le spectateur.