Sujet extrêmement casse-gueule que celui du troisième film de John Singleton. En tentant de montrer comment les maux de la société américaine germent dès le passage dans la broyeuse universitaire, le réalisateur part aussi sur un projet trop ambitieux.
Il multiplie dès le départ les personnages et par la même occasion les thèmes abordés : racisme, communautarisme, viol, sexisme, engagement politique, réussite... Au final, beaucoup de personnages seront bazardés ou bâclés, et seul le premier thème sus-mentionné bénéficiera d'une réflexion digne de ce nom.
Singleton n'y va d'ailleurs pas avec le dos de la cuiller, jouant à fond sur son terrain de prédilection, la provocation, pour faire passer un message intelligent dans les grandes largeurs mais bardé de maladresses. Le réalisateur tombe ainsi souvent dans de gros clichés qui affaiblissent sa démonstration (la blonde qui serre son sac quand elle voit un Noir, la féministe lesbienne, les flics qui tabassent systématiquement les Noirs...).
Higher Learning est surtout d'une grande platitude cinématographique. Singleton filme sans réel entrain ni fougue ni inventivité, se contentant même parfois de mimer le style de Spike Lee. Les moments romantiques versent dans le sirupeux, et le final qui devrait nous bouleverser tombe dans un symbolisme grotesque quand Tyra Banks éructe un "Whyyyyyyyy ?" alors qu'elle crache un bocal de sauce tomate au pied de la statue de Christophe Colomb.
Un film pertinent sur le fond, mais qui peine donc à trouver le juste milieu entre coup de poing enragé et finesse de ton.