Troisième pur David Fincher ! Après « Se7en » et « The Game », l’américain au potentiel débordant signe une adaptation de Chuck Palahniuk. Et pour ne pas changer une équipe gagnante, il est toujours accompagné de son directeur de la photographie Jeff Cronenweth.
Il s’attaque alors à des thèmes plutôt orientés métaphysiques dans le fond. Un recul est à l’étude quant à la société de consommation dans laquelle nous vivons. Et voici où veut en venir le narrateur (Edward Norton) qui récite ardemment l’expression de son être…
Rien de mieux que d’introduire un sujet dans son « état naturel ». On observe tranquillement la vie du personnage, banalisant chaque action qui le pousse à développer un fort instinct grégaire. Le conformisme prend alors forme sous des angles assez sèches, dans le sens où la vie telle qu’il la reçoit n’est que poison pour son esprit. C’est alors à la rencontre de Tyler Durden (Brad Pitt) que les choses évoluent. Cette fraicheur l’amène à se questionner sur sa position au sein de la société et au sein de ses relations professionnelles ou intimes. Le doute est la pièce maîtresse de ses troubles du sommeil et il saisit rapidement une solution plus animalière pour en réchapper.
Le « Fight Club » naît ainsi dans le but de reconquérir une certaine masculinité. La femme est le maître à penser dans ce nouveau système qui adapte chaque individu à manifester sa fureur. Il faudra bien reconnaître que les repères identitaires des héros, notamment du narrateur, n’ont rien de glorieux. On est souvent limité par sa révolution et sa quête de liberté alors que l’on peut associer tellement plus de détails la philosophie de l’intrigue. Soit on y voit l’âge d’or de l’adolescence comme référence, soit il ne s’agit ni plus ni moins de l’implosion du conformisme évoqué. Optons alors pour la première hypothèse qui se veut assez proche de la réalité. La métaphore de l’adolescent est la preuve formelle d’une maladie identitaire. Le jeune cherche sa voie à suivre, où parfois peu de d’opportunités s’offrent à lui. C’est bien l’acheminement que prend le narrateur lorsque qu’il est amené à rencontrer des protagonistes, exposant davantage des caractères d’alter ego que des caractères similaires aux siens.
Il n’y a plus de différenciation dès lors que les âmes égarées partagent les mes convictions et les mêmes valeurs. Sur ce point, le Fight Club tend vers une inspiration plus ambitieuse et destructrice. Partir de rien ou repartir à zéro est la seule remarque à effectuer si l’on adore décortiquer une énigme comme celle-ci. Et la magie dans toute cette histoire, c’est que le clap de fin ne donne pas forcément la réponse qu’on attend à chaque dénouement. Loin d’être une révélation, il porte davantage sur la réflexion que l’on s’est faite tout au long du récit et retourne les codes que l’on a construit contre nous. Un beau tour de force que l’on applaudit sans hésiter, mais le plus intéressant reste encore de savoir pourquoi ce film est devenu si marquant et culte dans le temps…