Pour une très bonne explication du film voir sur You Tube « Que signifie le FIGHT CLUB ? - L'Analyse ».Voilà le genre de blockbuster où on croit que tout a déjà été dit. Mais il y a toujours des nouvelles visions de Fight Club en fonction des angoisses de l'époque, en l’occurrence cette fois la vision écologiste. Il n'empêche que le film n'est pas un chef d’œuvre inoubliable. La preuve, j'avais oublié tout le début peu mémorable, qui tourne autour de la réunion des malades atteints du cancer des testicules et qui a pour problématique la perte de la masculinité. J'avais oublié également les images finales censées apporter un éclairage au spectateur et qui apportent peu, celles du suicide manqué et de la sorte de résurrection peu convaincante qui s'ensuit.
L'autre raison de mon oubli de Fight Club c'est la violence omniprésente qui est dans un film ce qu'est le coca-cola dans un bon repas, ça masque le goût de tout le reste et on ne se souvient que de ça à la fin. Je veux quand même convenir que la thématique de la perte d'identité du personnage incarné par Edward Norton, appelé tantôt Jack tantôt Cornelius, ou plus simplement le Narrateur, perte d'identité à n'en plus s'en reconnaître sa tête au photomaton, causée par le port trop fréquent de son masque social dans les lieux publics, suivie de la thématique complémentaire de la recherche compulsive de son identité profonde_ associée à une autre thématique, celle de la lutte contre une solitude devenue si grave que le narrateur en vient à se parler à lui-même _ font de Fight Club un film exceptionnel.
J'avais aussi oublié l'importance cruciale de Marla Singer (Helena Bonham Carter) que les féministes ont revu à la hausse en tant que personnage principal parce qu'elle est selon elles l'élément déclencheur de la prise de conscience par le Narrateur de la nécessité de changer sa nature profonde, son mode de vie, son rapport à une société déshumanisée, et ainsi de retrouver sa virilité. Ce changement radical sera concomitant à l'apparition inopinée de Tyler Durden - Brad Pitt dans un avion. Mais assez parlé de Fight Club ! J'ai commencé à enfreindre les deux premières règles selon lesquelles il est interdit de parler de Fight Club et comme je ne peux plus continuer, il est temps de sortir du film et d'écouter les slogans des manifestants dans la rue...
« Tous ensemble ! Tous ensemble ! Ty-ler Durden-avec-nous ! Ty-ler Durden-avec-nous ! »
Marla Singer peut donc être vue comme le catalyseur de la prise de conscience d'un changement inévitable et il faudrait plutôt la voir de nos jours le Fight Club comme une figure allégorique annonciatrice des combats à mener au 21ème siècle et de la nécessité de construire un monde plus résilient face aux défis climatiques et pétroliers. C'est en tout cas ce qu'ont sous-entendu les membres du Collectif écologiste et la psychologue spécialisée dans l'éco-anxiété lors du débat qui a suivi la séance. Le club de combat (sous entendu de combat écologiste) est une réponse au défi climatique et on peut y noter la 9ème règle subconsciente, appelée aussi la Règle Invisible, placée en plein milieu du film _Tu auras recours au recyclage éco-responsable et solidaire. Le métier de Tyler Durden est en effet marchand de savon et il recycle les graisses issues de la liposuccion en savon apprécié par les mêmes consommatrices qui ont eu recours à cette chirurgie plastique suivant le sacro-saint principe pollueur - payeur !
Fight Club pourrait de même selon les écologistes annoncer la nécessité d'avoir une nouvelle identité collective fondée sur le modèle économique de la décroissance, le club annoncerait les futures ZAD et l'affrontement que l'on souhaite, consciemment ou pas, pour faire exploser le système. Et David Fincher lui-même souligne l'importance du courage et de la détermination face aux nouveaux défis. Il montre cependant les limites de l'affrontement physique à travers le personnage de Bob l'ami du narrateur, interprété par le rocker Meat Loaf, qui est tué par ses propres amis sur un malentendu. En résumé la lutte oui, mais avec discernement.
Fight Club est un film exceptionnel qui comme les films réussis peut donner lieu à des interprétations philosophiques, psychologiques, religieuses ou politiques quasiment infinies.
Pour ma part j'ai quand même préféré la réflexion du narrateur sur la solitude, et sa conclusion avec l'image de Marla et du Narrateur ensemble à la fin du film.