Que dire ? Que dire de ce film de Griffith qui, bien que digne de son réalisateur talentueux, aujourd’hui choque. Dans ce court métrage de 11 minutes, l’un des premiers westerns, le genre est entièrement un prétexte aux idées de Griffith, et à l’impressionnante scène de bataille finale, bien plus que dans son dernier western, The Battle at Elderbush Gulsh (1913).
Il est impossible à notre époque de rester impassible devant le patriotisme ostentatoire dont fait preuve ce film : un vétéran de la guerre de Sécession qui traite ses enfants comme son régiment, leur faisant par exemple effectuer l’appel sous le Stars and Stripes. Il se dispute avec l’un de ses fils, qui quitte le foyer. Ni cynique, ni satirique, car la raison de la dispute n’est pas le patriotisme débordant du père. Griffith n’est pas Kubrick, l’époque n’est surtout pas la même, et le cinéma n’est pas encore un moyen de satire de la société. Le réalisateur montre ainsi que, indépendamment des conflits de la guerre de Sécession, le Sud est toujours lié à son pays et à son drapeau. Pendant les combats, toute la famille aide à la défense de son territoire, son pays : la maison, contre les inconnus, les sauvages. Et le fils aîné, revenu lui aussi avec la cavalerie, est accueilli en héros.
Pourtant, Griffith ne vire pas dans le surplus de racisme non plus : contrairement à Elderbush Gulsh, il ne présente pas les indiens, ces derniers semblent simples briques à la construction de sa bataille finale. Celle-ci est impressionnante : le montage alterné est parfaitement maîtrisé, entre la famille barricadée et les indiens qui les entourent, et l’utilisation d’un plan d’ensemble en plongée sur la maison en flammes, magnifique.
Mais il manque quelques éléments pour faire de ce court métrage un grand parmi les premier westerns : on excusera la monotonie des plans, le cinéma en était encore à ses premiers balbutiements, et le plan d’ensemble en plongée est déjà une excuse en lui-même, mais la quasi inexistante de scénario, tout au profit de l’action, est regrettable. Néanmoins, sa fluidité et sa rapidité font que l’on ne s’ennuie pas du tout, et qu’il reste quand même intéressant.