Depuis l’année 1996, les films en images de synthèse ont fait leurs premiers pas dans le monde du cinéma. La production Toy Story a été le premier, puis d’autres ont suivi. À l'époque, c’étaient surtout des boîtes de production comme Pixar ou Dreamworks qui en développaient. En 2001, l’entreprise japonaise d’édition de jeux vidéo Square tente sa chance en créant le tout premier film en images de synthèse mettant en animation des êtres humains, tout en se basant sur la série des jeux vidéo Final Fantasy, l’un des plus gros succès de Square. Malgré le travail fourni et l’ambition visible des concepteurs, le film a malheureusement été un échec commercial. Bien que je n’aie pas joué à un seul des jeux vidéo, je reconnais une certaine bonne qualité dans les images, malgré son scénario complètement tiré par les cheveux et son manque de réalisme facial dans l’expression des sentiments des protagonistes.
Sans doute que c’était la première fois que les ingénieurs se lançaient dans un tel projet et qui n’avait pas les notions nécessaires pour réaliser un film conforme à nos attentes. Créer un jeu vidéo n’a rien à avoir à mettre en œuvre un film, d’autant que l’écriture du scénario d’un long-métrage n'est pas non plus le même que celle d’un jeu vidéo. Cette vision, on la voit très bien. De plus, la production est dépourvue clairement d’explications ou d’une introduction racontant ce qui s’est passé auparavant. Elle démarre sur une première incursion d’Aki Ross, l’héroïne principale, en train de dénicher un esprit dans une ville fantôme. Ensuite, ça s’enchaîne sur la présentation des autres personnages lors d’une première scène d’action, mettant également en contexte l’ennemi, des sortes de spectres se nourrissant d’âmes humaines.
Fort heureusement, on comprend mieux l’histoire du film au fil du visionnage mais il faut dire que la structure, voire même la philosophie asiatique appliquée n’est pas forcément celle qui mettra de l’intérêt à un public mondial de visionner une production, en particulier pour les Américains et pour les Européens. Comme il s’agit d’un premier essai, la production souffre malheureusement d’un manque de fluidité dans les mouvements, ainsi qu’un mécanisme maladroit dans le suivi des personnages et d’un rythme assez lent. Cependant ! Étant un fan des films de science-fiction et de fantastique, la production m’a fait vivre une expérience particulière. En effet ! J'ai été assez conquis par le fait de voir quelque chose d'innovateur et les Asiatiques ont prouvé qu'ils peuvent créer un nouveau genre de spectacle cinématographique, comme ils le faisaient déjà avec les films d'arts martiaux. On est loin des clichés habituels, même s’il en y a un peu, et la menace est une présence imprévisible, énigmatique et bien intégrée dans le scénario.
Les concepteurs les ont représenté adéquatement et la technicité ressortant dans leur façon d'agir fait très jeu vidéo, surtout pendant l’invasion des fantômes dans la ville. Les images sont très soignées et alléchantes techniquement, les partitions musicales dégagent une ambiance à la fois mystérieuse et engageante et les personnages agissent selon leur savoir et leur détermination. Heureusement que j’ai une ouverture d’esprit assez grande pour vraiment détecter la volonté que les ingénieurs ont voulu appliquer dans l'optique de nous faire plaisir, contrairement à certaines de mes connaissances qui disent que le film est un ratage total. Moi je pense que c’est surtout la structure scénaristique qui ne leur a pas plu. Il est vrai que c'est dérangeant et qu'on a du mal à l'accepter mais cette discordance est largement compensée par une qualité visuelle prodigieuse, c'est assez pour me faire passer un moment assez captivant. 6/10
Rappelez vous de Galilée. Il a été emprisonné pour avoir dit que la Terre n'était pas le centre de l'univers, c'est aussi ce que nous risquons...