la plus longue cinématique de FF
Le réalisateur du film, Hironobu Sakaguchi, est le créateur-même de la saga Final Fantasy, mais pour autant ce film n'est pas exactement une adaptation du ou des jeu-vidéos. Il est plutôt une variation filmique sur différents thèmes de l'univers de Final Fantasy...
On pourrait même être tenté de dire que ce film ne cherche pas du tout à s'intégrer dans un quelconque esprit de fidélité au jeu (à part peut-être via quelques clins d'œil en passant, du prénom Cid au nombre de membres de l'équipe de combats – 4, comme dans la plupart des jeux Final Fantasy – en passant par la présence d'une « scène d'amour après une grande désillusion », classique de la série), mais plutôt qu'il s'agit d'un développement parallèle de l'esthétique propre à un auteur.
On retrouve ainsi la thématique de Gaia et du cycle des esprits notamment, dans un univers mêlant science-fiction, romance, tragédie planétaire, esprit d'équipe et fantasy. Ce dernier point, paradoxalement, est celui qui est le moins présent dans ce film, et on peut penser que c'est ce bouleversement en particulier qui aura déçu les fans du jeu-vidéo, le film n'ayant ainsi que peu de rapport avec une quelconque idée de jeu de rôle.
Les Créatures de l'Esprit présente aussi la spécificité (par rapport aux jeux de la saga) de se passer sur la planète Terre, développant un univers futuriste réaliste en y incorporant une intrigue mêlant extra-terrestres et fantômes. Le réalisme est d'ailleurs le maître mot de ce film, ne serait-ce que par son aspect visuel.
En effet, jamais auparavant on n'aura vu un film d'animation visant à ce point le photo-réalisme, avec des images de synthèse 3D faisant presque croire à une utilisation de la performance capture, alors que tout a été créé par ordinateur (à l'exception notable de certains décors de fond, peints à la main, dans un style proche des plus beaux jeux de la série).
Cette prouesse, si elle permet de créer un univers cohérent et crédible, a pourtant parfois tendance à détourner le regard de l'intrigue, l'œil se perdant à observer le modelé des peaux ou à compter les cheveux d'Aki (pour info : ils sont 60 000 ; chiffre astronomique – un cinquième du temps de réalisation a d'ailleurs été consacré à leur modélisation – mais deux fois inférieur au nombre de cheveux sur une vraie tête).
Pour autant, l'histoire ne manque pas d'intérêt, proposant notamment plusieurs niveaux de compréhension, du simple film d'action (reprenant malheureusement de nombreux poncifs hollywoodiens du genre) au drame psychanalytique (grâce notamment à l'emploi des rêves, messages secrets des esprits), en passant par la tragédie opératique, appuyée notamment par la musique. Celle-ci se révéle pourtant moins marquante que celles des jeux (composées par Nobuo Uematsu, "le John Williams des jeux-vidéos"), et le final est d'ailleurs lesté d'une chanson sirupeuse interprétée par... Lara Fabian !
Reste que ce film en apesanteur ne manque pas de charme, et se regarde comme une très longue et belle cinématique de jeu.