Je ne peux m'empêcher de lui trouver une certaine profondeur malgré le respect du cahier des charges du "divertissement" (love plot, scènes d'actions pas toujours bien amenées, humour moyens). Quand je l'ai vu étant plus jeune c'était la déception, mais avec le recul, je trouve qu'il a plutôt bien vieilli.
Déjà le film est dans la continuité des obsessions du scénariste/co-réal Sakaguchi.
Et puis c'est bardé de références de bon goût : Stalker (l'héroïne qui évolue dans la ville en projetant des leurres lumineux à la façon des boulons du stalker pour contourner une menace invisible), la mythologie (le personnage du militaire est nettement plus profond que l'on veut bien nous le faire croire, malgré son attitude très cliché : son rapport avec le canon Zeus qui fait feu sur Gaïa, y'a une dimension mythique intéressante à mettre en perspective avec le traumatisme nucléaire japonais, d'autant plus que le film est japonais/américain et que le personnage a tout de la métisse Aki (Jap) Ross (Ricain)), et j'en passe.
Aussi, j'ai bien aimé comment est représentée la menace extra-terrestre dans le film. Il n'en fait pas trois tonnes sur leur hostilité, puisqu'ils semblent errer sans but (alors que c'est sorti à une époque où l'on venait de se faire gaver d'"evil aliens" dans le cinéma à grand spectacle : Independance Day, Mars attack, Signes dans 3 registres différents).
J'apprécie énormément l'espèce de sagesse qui se dégage de la mise en scène, notamment par le plan qui intervient à deux reprises dans le film (à mon avis incompris de la plupart des spectateurs alors que l'on ne voyait que lui durant la promo) et qui achève de dire que The Spirit Within, c'est en fait un film sur l'altérité et le pardon : la contre plongée absolue, plan subjectif de Gaïa (la gaïa alien au début du film, la gaïa terrestre à la fin). Réciprocité de mise en scène malgré la menace et la quasi éradication de la vie sur terre : un pardon à mettre en perspective, une fois encore je pense, de l'histoire entre le Japon et les USA.
Ca m'émeut pas mal en tous cas quand je le revois maintenant. Et ça achève de construire mon admiration pour le bonhomme.