Avec First Love, Takashi Miike fait son Sion Sono, il en reprend l'humour, les gags grotesques (mais très drôles quand ça fait mouche), pour faire une sorte de série B moyennement assumée qui se termine en pâle version de Why Don't You Play in Hell? (la narration en forme éclatée participe à la comparaison avec ce film). Le montage de cette deuxième partie qui se veut plutôt gore (dans le magasin) est d'ailleurs un peu aux fraises, l'action est parfois illisible et moyennement bien filmée. De plus, First Love se prend parfois très au sérieux et ne sait pas sur quel pied danser et finit par proposer un film plutôt oubliable qui ne va pas tout à fait au bout de ses ambitions. Dès que Miike propose une scène qui se veut à peu près sérieuse, c'est souvent inintéressant et mal interprété (et ce n'est pas toujours volontaire).
Nous sommes ici bien loin des meilleurs films de Takashi Miike comme Ichi the Killer où ce dernier osait aller au bout de ses délires gores et fun. Nous sentons bien ici que Miike souhaitait pondre une série B efficace et jouissive, mais c'est un peu raté à mon sens, faute de jusqu'au-boutisme. Par exemple, les hallucinations de Monika qui se résument à voir son père en slip... c'est parfois assez drôle mais franchement peu audacieux, nous sommes ici loin de ce que Miike est capable de nous proposer en terme de folie visuelle. Le film a quand même des scènes qui fonctionnent assez bien, notamment grâce à Kase qui semble être un des rares personnages à avoir le droit à des scènes vraiment jusqu'au-boutiste dans le côté série B totalement assumée. Pourtant Shôta Sometani qui joue ce personnage crève l'écran, il porte un peu le film sur ses épaules, chose un peu regrettable puisqu'il n'est absolument pas le personnage principal.
La relation entre Leo et Monika est d'ailleurs peu intéressante, Miike aurait pu avoir la gentillesse de nous épargner cet épilogue franchement inutile et finir sur une belle touche (notamment le joli plan où l'on voit des dizaines de voitures de police poursuivre un des yakuzas sur le pont, ça aurait été bien). En somme, un film mineur dans la filmo du bonhomme qui s'est déjà montré bien plus audacieux et inventif par le passé.