Fish Tank par klauskinski
Une barre HLM du nord de l'Angleterre, une mère alcoolique, des rapports humains guidés par la violence: soyons honnêtes, les premières minutes de Fish tank ne laissent rien présager de bon. On pense forcément au fameux naturalisme social anglais, usé jusqu'à la corde. Pourtant la surprise va être de taille, puisque Andrea Arnold extrait rapidement son récit de ce bourbier annoncé, et pas seulement de manière schématique, en contrebalançant les scènes à caractère social par les échappées par la danse. La réalisatrice utilise bien sûr ce biais, mais le film s'avère aussi bien plus riche, abordant les thèmes du désir, de la famille, des tabous sociaux. Et l'adolescence, incarnée de manière évidente par une révélation, Katie Jarvis, magnifique, intense. Fish tank n'est pas toujours aimable, loin de là, notamment le personnage interprété par Fassbender, mais le film tire aussi sa beauté de la complexité de ses personnages comme des situations, rien ne semble écrit à l'avance, tout est gris (c'est-à-dire ni noir ni blanc). Au final, alternant paysages urbains désolés et campagne apaisante, questionnements moraux et cinéma physique, refusant les facilités psychologiques, Fish tank, superbement photographié, est un grand film, délicat, ensoleillé et vivant.