Ce film m'a été hautement recommandé par mes éclaireurs, mais pour me réserver la surprise, j'avais lu très peu de choses dessus : uniquement le synopsis.
Je dois dire que j'ai été ébahie, au sens très agréablement surprise !
D'abord, par l'étonnante présence et le jeu subtil de la jeune actrice Kathie Jarvis, ensuite par la qualité de ce parcours d'adolescente dans un milieu social très défavorisé.
On est dans la lignée de Ken Loach ou de Stephen Frears, du cinéma social britannique. C'est le deuxième long-métrage de la réalisatrice Andrea Arnold.
Ce film mérite amplement selon moi, son prix du Jury au festival de Cannes 2009 et Kathie Jarvis le prix du meilleur espoir au British Independent Film Awards.
Mia, quinze ans, vit dans une cité au milieu de nulle part, entourée de grands champs et de zones désolées. Elle est passionnée de danse hip-hop et s’entraîne régulièrement dans un appartement vide de la cité.
Il est intéressant de noter que l'actrice n'avait jamais pratiqué la danse avant le tournage et c'est justement cet aspect débutant, non professionnel, qui donne tout son intérêt au film.
Elle est pleine de colère, Mia et elle a de quoi. Rejetée par une mère alcoolique, immature, qui ne pense qu'à s'amuser, vivant dans cette cité sordide, en conflit avec les autres filles de la cité, on peut dire qu'elle survit, se cherchant une porte de sortie.
Ses rêves de liberté et de recherche d'affection vont se concentrer sur une jument, qui vit attachée à une chaîne, dans un terrain désaffecté occupé par trois frère roms qui vivent en caravanes. Elle cherche à voler la jument mais pas heurter à la violence des trois frères qui ne sont pas prêts à lâcher l'animal. Mon interprétation est qu'elle s'identifie à cet animal, privé de liberté , mal en point et qu'il représente son désir de liberté, d'émancipation.
La révolte de Mia s’exprime à travers son langage peu châtié, c'est le moins que l'on puisse dire. Sa petite sœur n'est pas mieux éduquée et parsème ses dialogues de jurons, grossièretés et autres joyeusetés. D'ailleurs la communication entre filles et entre la mère et les filles se fait essentiellement par jurons.
Une porte de sortie va s'offrir à Mia, à travers le nouveau compagnon de sa mère, Connor, interprété brillamment par Michael Fassbender. Celui-ci est attentif, tendre avec elle. On pressent ce qui va arriver mais on n'ose y croire. Mia, elle y croit et tombe amoureuse.
Sa déception va être d'autant plus pénible.
Le déroulement du kidnapping est très bien filmé : une course-poursuite dans les marais entre les bras de la Tamise, dans cette région de l'Essex, à l'est de Londres où le film a été tourné.
A mon avis, la plus belle scène du film est celui de l'adieu à la mère et à la sœur, qui au delà des mots qu'elles sont incapables de prononcer, se saluent à travers la danse.
On note donc deux thèmes récurrents dans le film : la danse d'abord et l'eau ensuite.
La BO est originale, avec notamment la chanson 'California Dreamin' de Bobby Womack.