Le nom des frères Lau (Kar Leung, Kar Wing et Kar Fai) fait immédiatement surgir des images de chefs d'œuvres du Kung Fu Pian produits par la Shaw Brothers. Si l'on regarde de plus près leur filmographie durant leur période de gloire, 75-85 en gros, on peut toutefois remarquer que les 3 hommes ont également officié à des degrés divers en dehors de leur maison mère. Kar Leung, devenu une personnalité essentielle du studio, sera celui qui aura le moins la possibilité de « s'évader » en dehors de la Shaw. Les quelques travaux qu'il effectuera en indépendant ne seront jamais signés officiellement de sa main de peur de déclencher les foudres de Mona Fong. C'est ainsi que Shaolin VS Wu Tang sera attribué à Lau Kar Fai bien que Kar Leung ait entièrement mis en scène le métrage. A contrario Kar Wing et Kar Fai seront bien plus libre de leurs actes et n'hésiteront pas à œuvrer régulièrement hors du giron de Run Run Shaw. Fists And Guts est à ce titre une petite curiosité, seul long métrage de cette période à voir les trois frères collaborer ensemble, loin des studios de Clearwater Bay.

L'artisan principal du film, c'est Lau Kar Wing. Déjà auteur de quelques Kung Fu comédies de qualité variable, on retrouve sa marque dans Fists And Guts. Pas de message martial ici comme l'aurait fait Kar Leung mais une simple volonté de divertissement maximale.
L'histoire proposée par le film, un ancien moine Shaolin recherche un objet volé accompagné de deux gentils gredins, n'est pas d'une grande originalité mais se révèle efficace pour livrer la marchandise attendue. Scènes de Kung Fu et séquences comiques s'enchaînent sans temps morts. Le rythme étant une donnée essentielle d'une bonne Kung Fu comédie, c'est un bon point pour Fists And Guts qui sait faire oublier ses moments comiques les moins inspirés (certaines scènes avec le seigneur de guerre). La présence de quelques idées originales (l'île des lépreux, le système de sécurité du méchant principal) est également appréciable afin de se distinguer d'une concurrence toujours aussi forte à l'époque.

Aux séquences d'action, on retrouve en plus de Kar Wing, l'immense Lau Kar Leung. Une combinaison qui garantit des chorégraphies de haut niveau. Malheureusement, celles-ci se révèlent un peu décevantes. Non pas qu'elles soient mauvaises, bien au contraire. Une bonne technicité est présente, tout comme une vitesse d'exécution tout à fait satisfaisante. Il manque juste un petit degré supérieur d'inventivité dans les enchaînements et dans les figures exécutées pour vraiment marquer les esprits. C'est du travail solide mais inférieur à ce que ces grands maîtres de la discipline étaient alors capables.

Le dernier des frangins à intervenir dans Fists And Guts, c'est Gordon Lau. Celui-ci est dans sa gamme habituel de premier rôle fringuant et attachant. Il se montre à l'image du film : Agréable et martialement compétent sans faire plus d'étincelles outre mesure. Plus surprenant, les rôles des deux faire valoir comiques sont tenus par Lau Kar Wing himself et Lee Hoi San. Deux hommes que l'on a peu l'occasion de voir dans cette gamme et qui s'acquittent avec efficacité de leurs taches.

Kung Fu comédie agréable mais relativement anecdotique, Fists And Guts n'est à conseiller qu'aux fans du genre ou aux complétistes des frères Lau.
Palplathune
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le 24 févr. 2011

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