Au début du 20ème siècle, un Irlandais mélomane surnommé "Fitzcarraldo" décide de construire un opéra au milieu de la jungle sur-américaine. Pour accomplir son projet, il devra d'abord faire fortune dans le caoutchouc, et mener un énorme bateau sur un fleuve dangereux. Film sur les rêves démentiels et l'ambition, fable teintée de surréalisme sur la conquête de la nature : Werner Herzog livre là une œuvre très intrigante, portée par un Klaus Kinski excellent en "conquistador de l'inutile", au regard fou et à la volonté de fer.
La photographie travaillée fait trancher les vert luxuriant de la jungle avec la blancheur de la ville ou la rouille du bateau, tandis que la mise en scène inspirée de Herzog fourmille de détails cachés, et joue avec les mouvements de caméras et les contre-plongées pour amener au moment clé du film : l'ascension du bateau sur la colline. Cette scène est d'autant plus emblématique qu'elle ne fut pas truquée !
Outre cette épreuve, le film est connu pour son tournage dantesque, avec notamment des relations explosives entre Kinski et Herzog (une légende bien connue raconte que les figurants proposèrent au réalisateur de liquider l'acteur vedette !). Tout ceci conduisit Herzog à ressembler à son protagoniste sur le tournage... Au-delà de ça, "Fitzcarraldo" est un film assez lent, avec une narration souvent plus visuelle qu'explicative, ce qui peut en dérouter certains.