En allant me coucher, j’ai trouvé Wenders qui m’attendait sous mon oreiller, dans le grand royaume des rêves. Il conduisait une voiture quelque part dans une Allemagne de l’Est en noir et blanc. Une belle voiture décapotable à l’ancienne, blanche nacrée, longue comme un dimanche après-midi de novembre, avec les enjoliveurs brillants des voitures des anges qui roulent dans les nuages sous la lumière des étoiles et avec des sièges en cuirs rouge en noir et blanc.
Sur le bord de la route, il a croisé Herzog qui passait par là avec trois nains. Herzog s’est appuyé sur la portière de la décapotable et ils se sont parlés en Allemand pendant quelques minutes. Je ne comprends pas l’Allemand, mais je savais de quoi ils parlaient. Je savais qu’Herzog préparait un film avec son vieil ami et tendre ennemi, Kinski, sur un inventeur qui veut aller sur la lune en Bicyclette. Et ils l’ont fait. Ils ont été jusque sur la lune en bicyclette. Sur la route ils ont fait quelques pauses sur les étoiles et ils ont mangé des sandwichs au pâté. Quand ils sont arrivés sur la Lune, Kinsky a déclenché une tornade d’une bonne semaine, et les habitants de la lune ont proposé à Herzog de l’envoyer dériver à tout jamais dans la voie lactée, avec ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus clairs comme des trous noirs de lumière mystique.
Pendant ce temps-là, Wenders a continué de rouler à travers l’Allemagne de l’Est en noir et blanc, il a bu un coca-cola dans un petit snack au bord de la route en écoutant du Rock’n’roll pendant que le vent soufflait dans ses cheveux, et puis il est reparti trouver des réponses cachées au bout de la départementale de son cœur. Il a croisé de vieilles usines abandonnées comme des jouets sur le bord de la route et des hommes et des femmes hanter des villes oubliées comme des fantômes en pâte d’amande. Il a fait une pause au bord de l’eau et il s’est endormi.
Je me suis réveillé.