Security failure

Premier gros film pour sa réalisatrice, débutante dans le milieu, Five nights at Freddy’s, issu de l’univers vidéoludique du même nom, méritait un regard plus aguerri. L’inexpérience n’est pas synonyme de mauvaise qualité, en témoigne l’excellent Smile l’an passé qui, pourtant, était le premier film de son réalisateur Parker Finn. Ici, on a du mal à comprendre ce qui cloche tant le résultat s’apparente à un film mi-figue mi-raisin. Peut-être qu’une explication peut être trouvée du côté de sa mystérieuse durée.

Un mois avant sa sortie, des rumeurs annonçaient un film de trois heures. Trois heures pour un film d’horreur estampillé Blumhouse, il y avait de quoi faire les gros yeux et douter de la véracité de l’information, mais à la vue du résultat, tout compte fait, peut-être qu’il s’agissait bel et bien de la durée initiale du long-métrage, tant le montage semble aléatoire et que les incompréhensions s’accumulent dans le récit. Trop mou pour un film de 1h50, installant progressivement des personnages et ses enjeux qui auraient été parfait pour un film de trois heures, mais d’une autre part trop rushé, avec trop de scènes disparates dans un montage de 1h50 trop succinct. Il y a cette tenace sensation que les scènes n’ont pas une conclusion satisfaisante, concernant notamment l’arc sur les braqueurs et la tante qui disparaissent d’un claquement de doigt dans l’intrigue sans qu’aucun personnage ne s’en soucie. Légitimement, on se demande qu’est-ce qu’il s’est passé en post-production pour accoucher d’un montage aussi passif-agressif.

La question du fameux classement PG-13 restreint fortement tout fun niveau horreur, pour certains films ça le fait, comme M3GAN qui restait suffisamment violent pour être satisfaisant. Ici, tout est hors-champ, jouant souvent sur les ombres, laissant planer la menace de ces robots géants - bonne idée - mais qui finit par frustrer tant l’incursion dans l’horreur se fait rare. La faute à des ellipses envahissantes, coupant chaque scène horrifique intéressante afin sa logique conclusion. Le film s’apparente bien plus à un thriller d’action plutôt qu’à un film d’horreur.

Malgré tout ça, le lore immense du jeu est parfaitement retranscrit à l’écran, de ce côté le respect de l’œuvre semble avoir été la priorité des créateurs et l’amour pour la franchise vidéo ludique de sent dans tous les recoins. Oui, il subsiste une force grâce à l’univers, aux animatroniques réussis et à la thématique récurrente du rêve où le personnage principal au traumatisme d’enfance s’enfonce dans sa rêverie, à la recherche de son frère perdu. Ça tient le spectateur et rend le protagoniste touchant. À noter un soin tout particulier apporté à l’esthétique, allant à son paroxysme dans un climax détonnant, aux révélations surprenantes, totalement jouissives, et un carnage d’autant plus satisfaisant. Les trop rares scènes horrifiques sont pourtant réussies et passés les trois premiers quarts d’heure, le train fantôme prend ses marques et se révèle être hautement divertissant.

Globalement une déception, on a du mal à ne pas lier les problèmes du film à un manque de confiance derrière la caméra et à un cahier des charges bien trop lourd pour un premier film, même s’il est difficile de bouder son plaisir face à cet univers convaincant et hautement divertissant. Gil Kenan, premier réalisateur attaché au projet il y a huit ans, en aurait sans doute tiré plus de pertinence. En l’état, ni plus ni moins un film en demi-teinte.