Evolution de l'assujettissement des femmes par les hommes impossible, en raison du poids séculaire des traditions ancrées dans la mentalité masculine, que les réformateurs éclairés eux-mêmes sont incapables d'intégrer, de dépasser. Un progrès que seul un accès à l'éducation proposé aux femmes permettrait d'amorcer, ce que s'engage à faciliter Eiko par son projet d'établissement scolaire, évoqué dans l'épilogue optimiste.

La narration s'inscrit dans le contexte des grandes mutations de l'ère impériale Meiji, période de revendications démocratiques (premiers partis politiques, Constitution, diète) et de révoltes paysannes liées à la déflation du prix du riz en particulier (réforme du foncier par les oligarques), qui en 1884 fûrent particulièrement réprimées*. Ce qui eut pour effet d'accentuer la précarité des femmes (situation aisément similaire en 1949, le droit de vote obtenu trois ans auparavant ne changeant pas grand chose à leur émancipation face au patriarcat), lesquelles subissent de plein fouet les conséquences économiques (éternelle piété filiale !**), contraintes de se sacrifier pour éponger les dettes familiales (travail exploité dans le textile ou prostitution).

Le film prend parti très explitement pour les valeurs féministes. Le cadre souvent trop distant pour les scènes dialoguées, soucieux de la composition dans la profondeur (qualitativement assez inégale), est régulièrement saturé de signes. Scènes de regroupement, de révoltes peu lisibles par manque de moyen, exceptée la séquence d'émeute urbaine réussie, filmée depuis les toits.

Difficile de ne pas adhérer au message porté, mais le film me semble assez faible à différents niveaux (mise en scène, cadrage, pathos et même narration).

5,5/10

(*) le réalisateur Seijiro Koyama, peu connu hors Japon, s'empara du sujet dans "Kusa no ran" en 2004

(**) cf. parcours de Yae vers la ville en 1947, dans "Le détroit de la faim" de Tomu Uchida

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le 21 janv. 2024

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