Après un détour pour le moins surprenant dans la filmographie de Bruno Dumont avec Twentynine Palms, le réalisateur retrouve (en partie) dans Flandres ses terres d’enfances, où la patte du réalisateur s’identifie très rapidement. Le format CinémaScope met parfaitement en valeur ces magnifiques paysages plats, que Demeter, jeune fermier, va quitter pour aller à la guerre. Une fois parti dans ce tellurique territoire dont le nom ne nous sera jamais exactement révélé, la comparaison avec Full Metal Jacket de Stanley Kubrick semble presque évidente. Ici, toute l’horreur de la guerre nous est montré de manière très crue : on tue des innocents, on se venge pour les camarades tombés au combat, on viole, etc.
La caméra presque toujours fixe de Bruno Dumont va justement permettre d’accentuer cela encore plus : avec ces plans qui ne bougent pas d’un millimètre, on est obligé de regarder, comme si le réalisateur faisait en sorte que l’on ne puisse pas détourner le regard. Mais ce que je trouve le plus intéressant dans le film, ce sont les constants parallèles qui sont faits entre la zone de guerre et la vie de Barbe, qui est restée là à attendre ses amants. Elle sombre dans une folie qui, mise en perspective avec le front, lui donne encore plus de puissance et d’impact.
La fin du film est elle aussi magnifique. Dans une étreinte entre les deux personnages principaux, un puissant “Je t’aime” sort de la bouche du personnage masculin, lui qui n’avait jamais vraiment avoué ses sentiments pour Barbe.