Flandres était un film qui commençait pourtant rudement bien pour moi et mes goûts pour le cinéma qui sait prendre son temps, l'étirant lors de longs plans séquences presque vides. La campagne des Flandres françaises, ses champs labourés, ses bottes de caoutchouc crottées, sa fraîcheur du début d'hiver et ses habitants aux regards rudes et accents à couper au couteau.

Et puis le film s'éclipse à la guerre. Dans quel pays ? Nous ne le savons pas, mais ce n'est pas du tout le propos du film. Il a plutôt la volonté de transposer le cadre d'une tragédie grecque dans un contexte contemporain. Une femme, deux hommes, la guerre. Elle, attend ses deux amours, indécise dans son choix, jusqu'à en devenir folle. Eux, partent au combat, complicité puis trahison. Sauf qu'en 1h30 dont 30 minutes en Flandres, ça fait un peu juste pour tresser une trame si complexe. En effet, les personnages sont peu creusés, faute également à l'avarice de dialogues, qui parfois vaut le coup mais il faut avouer qu'un brin de causette n'aurait pas fait de mal.

Par ailleurs, j'ai beaucoup tiqué sur le contexte de la guerre. On suit 5 ou 6 hommes dans le désert caillouteux d'un pays inconnu. Ils ne croisent jamais d'autres soldats, se débrouillent par eux-mêmes sans chef (qui se fait dézinguer dans une première scène de combat plutôt réussie). Ce n'est alors plus qu'une succession de scénettes visant à montrer la camaraderie et la barbarie qu'entraîne la guerre. Le hic c'est que, pour moi, ce côté est tellement peu exploité dans le film (faute de temps disais-je) qu'on a plutôt l'impression que le réalisateur veut nous prouver que dans chaque homme sommeille un meurtrier et/ou un violeur en puissance. Alors oui, ça choque, ça secoue mais pas dans le bon sens du terme. On assiste à de la violence perpétrée par des hommes sans aucune expression faciale, sous-entendant sans aucune pensée. Donc on se s'attache pas, et tout devient froid, sans âme, donc gratuit.

Je pense qu'il y avait de l'idée dans ce film. Il n'est pas compliqué de comprendre ce que Bruno Dumont a souhaité évoquer dans son film, mais pour moi, son entreprise est ratée, gâchée, sans doute, par une mise en scène, bien qu'intéressante, qui ne colle pas au propos, et par un casting trop faiblard pour porter un tel projet.
Before-Sunrise
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le 27 oct. 2011

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