Le film se poursuit dans mes images

C'est dans l'amour ou le doute de ce qui porte son nom que se cache au chaud le désir de changer, de vivre pour de bon selon la voie du cœur. Le message est passé. J'ai compris. Maintenant je guette les bons signes. Ma croyance se symbolise dans les apparences qui me remuent. Frederik aussi s'affaire à débusquer les bons présages. Pour lui c'est la rencontre d'une femme. Je crois que moi aussi. J'ai eu cette expérience récemment (peut-être encore sous l'influence du merc?):

"Je vous ai croisé dans la rue cette nuit. Mais c'était sous le faux jour des images passées. Sans le savoir nous nous étions connus de près, même de très près puisque depuis tout ce temps vous étiez sauvegardés dans mon téléphone donc dans mes poches de fringues et mes neurones virtuels. Vous habitez les dernières images d'une courte séquence où vous passez au premier plan d'une foule d'inconnus sortant du brouillard. Il y en a peut-être parmi eux que je (re)connaitrai un jour. Ou même certains que je ne pourrai plus (re)connaitre tellement le temps aura différé nos apparences. A ce moment vous ne pouviez pas me (re)connaitre ni moi vous faire signe. C'était trop tôt. Ça n'a pas l'air de grand chose comme ça ces images, mais la sensation de rencontrer avec la même surprise que dans le présent quelqu'un dans le passé c'est si rare et étrange que j'ai eu envie de la partager. Tout ça me trouble d'autant plus que c'est en cherchant des vidéos pour terminer le très vieux clip d'une chanson sur le temps les souvenirs et les images que ceci s'est produit. Je pourrai difficilement me rappeler vos prénoms -ici aussi le temps à fait son œuvre- mais je me souviens bien de qui vous étiez en personnes et le plaisir que j'avais eu plus tard à vous rencontrer."

Mais ce film évoque plus encore pour moi. Au fond de moi. Cette expérience là n’est pas tout. Je zigzag. Comme dans le film il y a un moment original qu'on s'ingénie à trouver dans nos vies, celui où l'on pourrait revenir et où en un geste à partir de là tout aurait été différent. Maintenant c’est d’une main doucement posée, la paume contre la jambe, dont je me souviens. Il y a aussi un soleil déclinant qui traverse l’arrière de la voiture où nous languissons à moitié calés dans nos timidités. Elle me dit que c’est beau cette lumière qui épouse mes cheveux. Tout ça je n’aurais pas pu l’espérer c’est une joie sans pareil. Je me décide à lui caresser la main de l’index mais depuis elle l’a rangé entre ses jambes et je me retiens désolé. Elle me dit que c’est pour moi qu’elle est venue à cette fête. Elle est bien là. C'est la plus jolie fille que j'ai jamais vu. Nous sommes tout proches mais le peu d’espace qui nous sépare est si vaste. Nous avons plein de choses en commun mais le peu que nous ne partageons pas est si vaste. Je ne pense qu’à l’embrasser sauf que rien ne se produit. Je ne peux presque plus douter de ses sentiments mais je doute encore de moi. Dedans, la peur m’envahit et passe avant l’amour. L’autre disparaît. Sur le trottoir à nous quitter elle me regarde encore intensément. Je lui fais la bise simplement, tout en fuite, dévasté. Chacun part de son côté. Mais après quelques pas je me retourne pour elle. Elle était retournée pour moi aussi, et nos regards se croisent encore. Je repars et quand une minute trop tard je reviens sur mes pas en courant, elle n’est plus là. Elle ne sera plus jamais là qu'en mémoire. Frederik a eu une vie rêvée, c’est vrai, mais même nos souvenirs finissent par devenir des rêves.