En plein milieu du dix-neuvième siècle, au cœur de la Basse Bretagne, une servante devient une empoisonneuse qui sème la mort pendant de nombreuses années avant d'être démasquée et incarcérée. Possédée par des démons intérieurs (influence ou héritage d'une mère autoritaire et crédule qui fut sa première victime), entendant des injonctions supérieures (divines?), Hélène Jégado vit une lutte intérieure, incapable de résister à ses pulsions, finissant par accueillir comme un soulagement son arrestation et sa comparution devant un juge à la fois envoûté et terrorisé par son témoignage.
Presque deux cents ans en arrière, la France est encore un pays de campagnes aux conditions de vie rudes, où l'influence de l'église et de ses représentants est prépondérante. La figure des religieux (deux curés et un couvent de sœurs) est en effet récurrente dans ce film à la mise en scène soignée et au casting parfois inattendu : les chanteurs Biolay et Miossec à l'affiche, l'un comme ancien patron et l'autre comme prêtre. Cependant, ce soin apporté à la reconstitution et à la lumière avec quelques très beaux plans de coupe sur des ciels bas et tourmentés n'est pas éloigné d'un certain académisme amidonné qui circonscrit l'ensemble trop sagement, édulcorant pour le coup la folie qu'on aurait aimé voir davantage s'incarner.
Au lieu de cette option, le film se complique d'une construction en flash-back assez superflue, proposant une galerie de personnages secondaires plus illustratifs que déterminants. La comédienne Déborah François donne parfois l'impression d'en faire beaucoup, tandis que la capacité certes tardive de son personnage à verbaliser ses états d'âme paraît assez incongrue. Au final, cette adaptation du roman de Jean Teulé, lui-même écrivain sans panache ni style particulier, s'avère plutôt fade et plate, appliquée et consciencieuse. Pas sûr que cela donne vie à un grand moment de cinéma.