Ambiance tordue

Fleuve noir est un drôle de film. Traînant son côté tordu jusque dans son déroulement, le film claudique, comme s'il avait trop respiré l'haleine d'un Vincent Cassel déchaîné.

Ce dernier reprend la place laissée vacante par un Gérard Depardieu pour qui le rôle aurait été de pure composition. Flic alcoolique, ne sachant parler à son fils, on imagine l'acteur dans un jeu plus naturaliste (à l'image de sa composition dans Valley of Love où il incarnait un acteur ayant perdu son fils) que celui d'un Vincent Cassel en (trop?) grande forme.

Face à un Romain Duris pervers et une Sandrine Kiberlain perdue, l'acteur porte en effet ce personnage qu'il a entièrement proposé au réalisateur. Rappelant la solitude et le jusqu'au boutisme d'un Daniel Auteuil dans MR 73, celui-ci joue l'abus ; l'abus d'alcool, le surjeu, le ridicule, parfois , les cheveux crades et l'allure vacillante.

L'abus semble d'ailleurs de mise ; l'abus de glauque, l'envie de trop creuser le côté noir quitte à en être parfois ridicule, friser l'humour, comme un pas en arrière. Faisant par moments penser à un téléfilm à petit budget (son générique de début, par exemple), Fleuve noir est rehaussé par ses quelques images noires, et cette enquête, qui malgré sa fin abracadabrante à le mérite d'instaurer une ambiance. Une ambiance sans véritable fil conducteur que celle du macabre, du tordu, du glauque, qui oublie dans ce brouillard de nous éclairer un peu. Bizarre et bien dommage, tant par son casting que son enquête, nous promettait bien plus que ça.