Ce flic, quel voyou !

"Flic ou voyou" fut le premier des films où Lautner mit en scène Belmondo. A cette époque, Belmondo était déjà une star et avait pris de mauvaises habitudes chez certains cinéastes comme de Broca où il était la vedette et avait tendance à éclipser le reste du casting.

Vu au cinéma à sa sortie et vu moult et moult fois ultérieurement, "Flic ou Voyou" fait partie de ces films où je ne rencontre plus guère de surprises au visionnage. Il est clair que Lautner a fait d'abord une comédie et ensuite une comédie policière. Bien sûr, il y a un peu de suspense, il y a des gens qui se font flinguer, il y a des flics ripoux et des flics intègres, des bandes rivales (les corses contre les auvergnats à Nice). Mais la vraisemblance des situations n'y est pas du tout. Je pense même que ce n'est pas le sujet sinon on pourrait en venir à s'interroger sur l'IGS dont le rôle ne me semble pas être d'infiltrer et traquer les truands puis de se démerder pour qu'ils s'entretuent entre eux en les dressant les uns contre les autres. Même si l'idée peut paraître très jouissive. Parce qu'est-ce qu'on économiserait comme frais de justice, dis-donc … Mais qu'est-ce qu'on ferait comme bavures, aussi …

Non, c'est bien d'abord une comédie où chacun joue sa partition afin d'abord de divertir les spectateurs par des mises en situations cocasses soutenues par la verve des dialogues de Michel Audiard.

"le Yalta des voyous, c'est pas mes affaires, ça, Achille !"

D'ailleurs le ton est donné d'entrée avec Belmondo qui déplie sur une aire d'autoroute son duvet pour pouvoir dormir … et évidemment, qui va être la proie de petits loubards, saccagne ou clé anglaise à la main.

C'est une comédie dans laquelle de la place est laissée pour que les seconds rôles puissent fonctionner face à la tornade Belmondo, cabotin en diable, et tirer leur épingle du jeu.

Notamment les flics ripoux avec un JF Balmer plus vrai que nature, Michel Galabru en truculent et gourmand commissaire, Georges Geret dans le rôle du truand auvergnat, etc …

Mais aussi l'intrigue amoureuse, complètement hors sol mais délicieuse, entre Belmondo et une aristocratique Marie Laforêt. A moins qu'au lieu d'aristocratique, il faille plutôt dire sensuelle et richissime Marie Laforêt. Flics et voyous peuvent bien se foutre sur la gueule, se flinguer, s'exploser, Marie Laforêt passe, belle et hiératique. Son beau regard éclaire le film qui n'est, décidément, bien qu'une comédie.

Il en est de même de Julie Jézéquel, son premier rôle au cinéma en fille fraiche et espiègle, bien improbable, de Belmondo.

Au final, j'étais parti en début de critique pour mettre un 6 et je vais probablement conclure à 7… Comme quoi …

Je sais bien que t'as pas buté l'autre imbécile ! Mais t'en a fait flinguer d'autres ! Si on ajoute à ça, le racket, la drogue, les putes, ça fait une jolie carrière quand même ! Les vingt ans que tu vas prendre, c'est un peu la médaille du travail qu'on va te remettre