Le réalisateur s’appelle Michael Meyer, mais où est Jamie Lee Curtis ?
Faire de l’animation dans une colo de vacances pour jeunes enfants, ça n’a pas que des avantages. Parfois, on doit voir quelques mauvais, très mauvais films.
Encore que, finalement je me serai attendu à pire : cette bluette équestre se laisse suivre, le rythme est relativement soutenu, les paysages très beaux et la réalisation correcte.
J’irai même jusqu’à dire que, dans les quelques passages où l’héroïne (toute droit sortie du Bellaswanntron 3000, le générateur d’adolescentes fades) écrit son journal, on a le droit à d’assez belles scènes. Qui sont sans aucun doute des copier-collers du bouquin d’où provient cet objet filmique, et non pas des fulgurances soudaines de la part d'un scénariste qui aurait soudainement eu une crise de la quarantaine et décidé d’arrêter les conneries pour se reconvertir dans l’analyse philosophico-sociale de la conquête de l’Ouest américain, et de la dialectique proprement post-platonicienne entre l’homme et l’animal ; mais quand même.
D’ailleurs, pour l’anecdote, les scénaristes (parce qu’il fallait clairement être deux sur ce film !) sont aussi responsable de la Planète des Singes de Burton (aïe), de l’Apprenti Sorcier avec Nicolas Cage (double aïe) et de Superman IV (‘long cri pénétrant d’agonie’).
Du très lourd en somme.
En fait, ce film n’est pas SI mauvais.
Il est surtout agaçant. Insupportable. Méprisable.
Comment décrire de façon adéquate la façon dont il flatte les bas instincts de son public, probablement constitué d’adolescentes au stade emmabovaryesque de leur développement intellectuel ?
Disons que c’est une séance de sexe oral (mais chaste, parce que fuck yeah america) de 90 minutes pour minettes niaises, à défaut d’une métaphore plus sophistiquée.
Sérieusement, l’héroïne. Est. Conne.
Je peux concevoir qu’on puisse vouloir risquer sa vie pour un animal, à la limite. Mais il faut avoir des raisons de le faire : il faudrait que l’on sente la connexion, le lien émotionnel profond entre la jeune fille et son cheval, ce que le réalisateur et SURTOUT les scénaristes ne parviennent jamais à faire.
Mais surtout, il n’est pas (ou peu) question d’amour entre la fille (qui doit avoir un nom, mais je vais sérieusement pas m’embêter à le retenir) et sa jument : le centre du sujet, c’est la rébellion de la fille contre sa famille, qui ne comprend pas évidemment le potentiel « extraordinaire » de cette jeune enfant qui refuse de rendre des devoirs à ses profs parce qu’elle « a fait le sujet dans sa tête » (véridique !), qui est convaincue d’avoir été élue, choisie par cette jument mer-vei-lleuse parce que, vous comprenez, elle est tellement spééééééciaaaaaale …
http://www.youtube.com/watch?v=OunHzSZb5Vg
… et qui évidemment est prête à braver toutes les consignes de sécurité parce que, phhh, c’est bon pour les péquenauds et puis de toute manière papa, tu refuses toujours de me comprendre, alors t’es plus mon père ! (véridique !)
Ah oui, et puis à la fin elle menace plus ou moins de se tuer – ou de se laisser mourir – si on lui rend pas son cheval. Mais bien sûr, c’est totalement génial d’apprendre aux adolescents que si ils veulent obtenir quelque chose, le suicide est la solution ! Je veux dire, youpi, livrons le film avec des packs de barbituriques Hello Kitty tant qu’on y est, et prenons un selfie alors qu’on vomit littéralement nos tripes dans nos toilettes roses !
… J’emmerde ce film.
Pour conclure, la seule scène drôle du film :
Pour délivrer sa fougueuse et indomptable jument (comme elle, SYMBOLISME, sisi t’as vu ?), elle participe à un concours de rodéo en se déguisant en cow-boy avec un bouc dessiné au feutre. On dirait un peu Conchita Wurst, et ça m’a fait marrer.