Alcool, Drogues, Mort, Religion...
Ce film est intéressant pour au moins 2 raisons. D'abord il note bien entendu le retour de Robert Zemeckis, réalisateur de grand talent, au film live, délaissant l'animation, plus de 10 ans après le magnifique Seul au Monde. Ensuite, on y trouve un Denzel Washington de retour dans un rôle de composition, lui qui avait préféré faire plusieurs films de divertissements. C'est simple lors des 10 dernières années, les seuls rôles marquants qu'il ait joué étaient Training Day et American Gangster. Il revient avec Zemeckis et, comme lui, frappe un grand coup
Car Robert Zemeckis ne mettra pas longtemps pour nous montrer les restes de l'étendu de son talent. Juste la scène d'introduction, un magnifique plan-séquence rempli de contrastes et de sens. Lui est couché, elle est debout, la beauté et la décadence, les rondeurs de la femme atténuant inconsciemment la dureté de la conversation que le commandant a avec sa femme au sujet de son fils. Une scène parfaitement maîtrisé en tout point.
Puis vient LA scène du film. La plus difficile à réaliser. Le crash en avion. Encore une fois c'est impressionnant de maîtrise et Zemeckis réussit haut la main là où d'autres se seraient facilement cassé les dents. Mais le récit du film voulant ça, le reste du film devient basique et classique pour la mise en scène, l'intérêt ne revenant qu'à la qualité du scénario et la performance de Denzel Washington.
Justement, parlons un peu de Denzel Washington. Acteur phare de la fin des années 90 et du début des années 2000, il s'était quelque peu perdu ces derniers temps, jouant des rôle moins inoubliables dans des films du regretté Tony Scott. Mais c'était pour mieux rebondir dirons nous. Car il domine le film de la tête et des épaules. Impressionnant dans son rôle d'alcoolique décadent et dépressif, il illumine chacune des scènes par sa présence, et réussi à être convaincant pendant plus de 2h notamment lors des scènes où il apparaît ivre mort. Ça aurait pu tourner au ridicule mais pas là. Il est sur de son fait et nous le démontre. Un grand Denzel Washington au service d'un scénario inégal.
Car le scénario, même s'il est très bien pensé et présentant de bon dialogues, est long. Et répétitif. On a l'impression de voir le personnage de Washington boire pendant 2h encore et encore et encore... Je crois que je n'avais pas vu un personnage de film aussi obsédé par l'alcool depuis Leaving Las Vegas de Mike Figgis avec Nicolas Cage dans le rôle titre. Ce que je veux dire par là, c'est que les 2 personnages se ressemblent beaucoup. Les deux sont des alcooliques invétérés, ils sont divorcés et noient leur chagrin dans l'alcool, trouvent du réconfort auprès d'une femme droguée pour l'un et prostituée pour l'autre.... Tout ça pour dire que c'est du déjà vu et que c'est quand même bien barbant au bout de 2 heures.
Cependant malgré cet aspect on est bien fourni niveau scénario, avec une histoire nous posant des questions existentielles. Outre la dénonciation de la consommation d'alcool ou de drogues, on se questionne sur la mort (pendant toute la première partie du film) mais aussi sur Dieu et la religion grâce aux personnages très croyant comme le copilote ou une des hôtesses de l'air. Un aspect donc très intéressant qui démontre que malgré quelques redondances, ce film est très bien écrit et exploité même si la fin aurait due intervenir avant puisqu'on nous gratifie d'une scène un peu inutile quand même....
Mais on passe quand même un bon moment devant ce film intéressant et malheureusement un peu trop inégal au niveau de l'écriture. Tantôt passionnant, tantôt répétitif et barbant, Flight reste quand même un bon film. Atterrissage réussi pour Robert Zemeckis !!.... (Ok je m'arrête là... Mais j'ai pas pu résister :) )