Je n'ai jamais pris l'avion et je ne suis absolument pas pressé de le faire. Déjà parce que je ne suis qu'un vil trouillard incapable d'écraser une simple araignée minuscule ("non mais voilà, elle a peut-être de la famille, un mari qui l'attend à la maison, quoi."), ensuite parce que je fais partie intégrante de ces païens qui pensent que si l'homme était censé voler, le grand architecte lui aurait collé des ailes. Argument foireux également valable pour la mer, qui me terrifie. Mais quand je vois ce bon vieux Denzel faire atterrir son gros coucou dans un champ en volant à l'envers (comprendre la casquette en bas) et avec le poids d'un bottin en cocaïne et en alcool dans le sang, je me dis que finalement, j'ai peut-être raté quelque chose.
Le spectateur, lui, ne ratera pas forcément grand chose avec le nouveau film oscarisable d'un Zemeckis enfin revenu de sa performance capture. Autant le voir filmer à nouveau des humains de chair et d'os me faisait grandement plaisir (bien que j'apprécie "Beowulf" et "Scrooge"), autant je me demande ce qui l'a véritablement intéressé dans cette banale histoire de rédemption purement américaine avec des "Hallelujah Djizeusse Cryste !" dedans.
Dommage, car les trois premiers quarts d'heure marchent du tonnerre de Dieu (encore lui !), nous familiarisant avec un Denzel une fois de plus impeccable et délicieusement borderline, Zemeckis semblant effectivement s'éclater à jouer à Scorsese en filmant la prise de coke d'une façon super cool et en mettant plein de gros mots et de full frontal dans son film, nous gratifiant même du crash le plus spectaculaire et immersif depuis le "Prédictions" d'Alex Proyas.
Malheureusement, la suite on la connait, Denzel, d'abord considéré comme un héros, s'en prend plein la gueule (comme Jésus, tiens), a un trèèèèès gros problème avec les substances illicites, fait n'importe quoi, s'amourache d'une Kelly Reilly très juste mais complètement inutile et bla bla bla jusqu'à la rédemption finale attendue où tout le monde il est beau et loue la puissance de Jésus Christ notre sauveur à tous avec plein de violons et de grosses ficelles pour faire plaisir à l'académie des Oscars. Sinon ces satanistes de Rolling Stones alimentent la bande originale et ça c'est bien.