Héro par défaut

Ce film est le signe du retour prudent de Zemeckis. Jamais un réalisateur n'a eu une filmographie avec des périodes aussi identifiables. Il y a eu la période pré - Retour vers le Futur avec des films qui ont été plus ou moins oubliés (sauf À la Poursuite du Diamant Vert, un de ses films cultes de cette période là). La période post Retour Vers le Futur de la consécration qui a pris fin avec le très bon Seul Au Monde, la transition performance-capture dont l'échec du Drôle de Noël de Scrooge est triste avec le recul et la période actuelle, avec un retour au cinéma live qui est avec le recul incertain (déjà que je ne comprends toujours pas pourquoi tout le monde s'en foutait de The Walk sorti pour les 30 ans de Retour vers le Futur vu la qualité du film) et Allié, que je n'ai pas vu mais quand on sait que le film a été relégué au second plan suite à la fin du couple Brangelina, ouais. Flight par contre, je ne l'ai pas vu à sortie tant il ne m’intéressait guère alors qu'il s'agissait du film de la nouvelle période de Zemeckis. Et à sa vision, j'en ai déduis à un Zemeckis mineur. Bref, mieux que Apparence mais loin d'être un Zemeckis de haute volet.

Un Zemeckis mineur

Ce n'est pas un film mal réalisé, mais c'est un Zemeckis mineur. Il y a quand même de plans vraiment impressionnants, notamment le crash de l'avion qui est très bien géré et une mise en tension caractéristique de Zemeckis (la scène du procès fait beaucoup écho avec la scène de Contact avec Jodie Foster où cette dernière témoigne de ce qu'elle a vu dans le film (on y reviendra) . On a une bonne mise en tension par moment et des scènes vraiment pesantes. Sauf que majoritairement, le film reste plan plan. Pas mauvais mais convenu. Et c'est assez inattendu pour Robert Zemeckis, car il fait parti des rares réalisateurs à ne pas se complaire dans du fonctionnel à tout pris, mais avec quelque chose de vraiment fun à regarder, même dans ses films mineurs. Bien sûr je ne demande pas du tape à l’œil, mais ce film est ce que Robert Zemeckis a fait de moins inspirer. Ce n'est pas mauvais mais assez décevant quand on connait le niveau du réal. Mais bon Zemeckis a quand même quelques plans intéressants et on retrouve sa patte dans quelques scènes en dehors du crash. Quant aux personnages, ils rattrapent clairement le film ...à peu de chose près.

le personnage de Denzel nous fait honte.

Whip Whitaker (Denzel Washington) est ici un personnage qu'on aime détester. Et je peux me tromper mais c'est la première fois que je vois Denzel avec un rôle aussi détestable (Fences n'était pas passé par là). Généralement, il joue soit les mecs sympa , soit le figure héroïque ou ses dernières années des anti-héro charismatiques. Mais des personnages qu'on aime détesté qu'on a envie de le plaindre, c'est assez rare. Whip est un pilote de ligne qui est parvenu à sauver tout un équipage mais qui est mis en accusation pour ivresse et prise de substance illicite. Mais c'est le gars qui estime qui n'a pas de responsabilité à prendre vu qu'il a sauvé des vies par une prouesse incroyable. Dans la vraie vie, c'est un comportement certes salaud mais intéressant et qui peut se produire. C'est le genre de personnage qu'on verrait plus jouer par Samuel L. Jackson que par Denzel Washington mais il le joue parfaitement bien (et puis Samuel était occupé avec les Avengers).

les autres personnages par contre sont très secondaires et auraient pu être mieux exploités. C'est le cas de Nicole (Kelly Reilly des Sherlock Holmes) qui est une ancienne toxicomane qu'il a sauvé mais qui ne joue pas vraiment son rôle de conscience solaire pour Whip. Ses interventions sont ponctuelles mais elle reste hélas très oubliable.

Pareil pour Harling Mays (John Goodman) qui est super fun, mais...dont on ne sait pas à quoi il sert. Je ne dis pas que son personnage est plaisant à regarder mais il n'intervient qu'à 2 reprises et mise à part pour masquer le fait que Whip est saoul...il ne sert pas à grand chose.

Le seul personnage qui est bien exploité est Charlie Anderson (Bruce Greenwood) qui est l'ami du syndicat des pilotes. Il est le seul à vraiment essayer de l'aider pour qu'il ne soit pas condamné. Il en va de même pour Hugh Lang (Don Cheadle). Mais bon, c'est plus par intérêt.

Les autres personnages Ken Evans (Brian Geraghty) et Margaret Thomason (Tamara Tunie) qui sont les membres de l'équipage. Ils sont des proches qui ont plus ou moins été meurtris par l'accident (surtout Ken qui est tombé dans le coma). Cependant, considérés comme des miraculés, ils ne sont pas d'accord afin de couvrir Whip.

Les personnages qui auraient pu avoir plus de potentiels sont l'ex-femme de Whip et son fils qui sont très anecdotiques au final.

La responsabilité en question

Le film montre le sort d'un pilote de ligne qui fasse à un accident se retrouve accuser (avec raison) d'avoir pris de l'alcool et de la drogue. Inspiré par la vraie vie de Robert Piché, ce film met en scène ses démons face à ses responsabilités qui n'a jamais vraiment pris. Il ne vit pas une vie dissolue mais sous estime ses problèmes d'alcool et prend son exploit comme un prétexte. Le film est bien raconté et rythmé et ne verse pas dans le mélo. Ce qui est dommage est que les personnages globalement n'ont que peu d'influence sur lui. Au final il change de lui même que vers la fin et au moment où en toute logique il ne le devrait pas. C'est quand même une très belle scène et la mise en tension est vraiment bien gérée, mais jusqu'au troisième acte, il demeure ce pilote autodestructeur qui n'a pas vraiment de prise de conscience. Cela dit, son revirement reste quand même quelque chose d'assez appréciable et une leçon qui ne verse pas dans le mélo. On savait que tout pouvait mal finir et la manière ambiguë que le climax final s'est déroulé est plutôt sympa. Bref, même si le film aurait pu être mieux géré, je le trouve quand même correcte au niveau du récit.

Film d'un nouveau cycle

Même si je trouve ce film en-dessous que ce que Zemeckis était capable de faire, je le trouve quand même sympathique et plutôt intéressant. Cela dit, ce film me fait peur pour une raison. Son succès. En effet, il a été un bon succès commercial, alors que le suivant The Walk, qui était nettement mieux à tous les niveau a à peine été rentabilisé (quant à Allié que je n'ai pas vu, il a eu des résultats plus en demi-teinte). J'avoue ne pas comprendre ce désamour pour Zemeckis et j'espère que ce renouveau n'est pas un coup d'épée dans l'eau.