... et quel dommage !
Il est 21h, et malgré l'orage qui s'annonce au-dessus de Cannes, pendant cette 76e édition du Festival, je suis motivée et heureuse d'être là. Assise sur une chaise de plage, face au vent, avec trois couches de pulls, je veux découvrir ce film.
Attirée par la vie de Florence Arthaud dont je connais les grandes lignes, je veux surtout en apprendre davantage et suis donc curieuse de savoir sur quels évènements de sa vie le film pointera. Mais j'ai oublié, dans ma naïveté, que lorsque l'on fait un film biographique, il faut avant tout qu'il soit vendeur, peu importe si une partie de l'histoire est vraie ou non.
Au départ, le film se concentre sur sa jeunesse, ses choix, ses combats, ses aventures en mer et les échecs. C'est beau, c'est fort, on s'attache.
Puis le temps change (la météo aussi, il commence à pleuvoir sur la croisette). L'on passe sur les fêtes, les amours, les amants. La "fiancée de l'Atlantique" devient celle qui possède "un homme dans chaque port". C'était sa réputation. Il a fallu attendre qu'elle gagne la Route du Rhum pour en obtenir une autre. Pourtant elle tarde à arriver cette Route du Rhum 1990 et le sujet du film ne change toujours pas. L'histoire s'enfonce encore un peu plus dans la représentation d'une Florence Arthaud version magazine people. L'on ne s'intéresse plus autant à ses exploits qu'à ses frasques.
Il y avait tellement de matière pour représenter la soif de liberté de "Flo". Tellement de courses, de sujets. Mais la réalisatrice/scénariste a choisi les histoires les plus faciles, les plus vendeuses. Pourquoi montrer la navigatrice en mer quand on peut la représenter un verre d'alcool à la main en train de danser ? Pourquoi représenter l'actrice en train de barrer ou gagner des courses quand on peut la voir nue pendant plusieurs minutes ? Selon le propre aveu du générique de fin, toute l'histoire d'amour avec un marin (vous verrez), qui occupe bien un tiers du film, est en réalité pure fiction. Pourquoi ? Pourquoi ne représenter que sa victoire de la Route du Rhum 1990, quand on aurait pu parler la même année du record battu de la traversée de l'Atlantique Nord à la voile en solitaire ?
Je ne parle pas du reste du film, les trente dernières minutes à peu près, qui racontent les vingt-cinq dernières années de sa vie. Il n'est quasiment plus question de voiles, de courses. Uniquement d'échecs et de tristesses. Je ne suis pas certaine que Florence Arthaud aurait aimé qu'on se souvienne d'elle comme ça.
Enfin, que dire des dialogues... Pauvres, mal écrits. Ils nous font sourire tellement ils semblent venus d'un autre temps.
Mention spéciale tout de même à l'actrice Stéphane Caillard qui a su magnétiser ce film et détourner l'attention du spectateur de l'histoire (et de la météo). Lorsque Thierry Frémaux l'a présentée lors de l'avant-première au cinéma de la plage, il a dit quelque chose de similaire à ceci : "Vous ne connaissez peut-être pas encore son nom ou son visage, mais je vous assure que dans deux heures, vous saurez qui elle est ".
Allez voir ce film pour sa photographie et son actrice, c'est une belle fiction qui vous fera vivre de beaux moments. Mais si vous voulez réellement découvrir la vraie Florence Arthaud, sa vie et ses exploits, faites comme-moi, penchez-vous plutôt sur ses biographies.