J’avais envi de voir Flow après avoir lu des avis positifs dessus. Ça parlait d’un film émouvant, beau techniquement, avec plusieurs plans séquence (atypique), immersif et contemplatif.


C’était bien le cas, mais j’ai remarqué autre chose durant mon visionnage : de l’ambiguïté. Ce qui est dingue dans un film d’animation pour enfant, c’est la subtilité, l’implicite, la métaphore, etc. Flow en est l’exemple parfait.

Pendant 1h20, la caméra suit les animaux avec des plans séquences dont les mouvements de caméra sont rythmés sur l’action et sur les mouvements apparents des personnages ; on suit ces animaux réalistes mais nous ne sommes pas dans leur tête (sauf dans celle de Flow dans certaines scènes à part : le cauchemar par exemple), et alors que le spectateur les voit essayer de communiquer avec d’autres animaux d'espèces complètement différentes, il ne sait jamais ce qu’ils pensent réellement.

Peut-être vais-je trop loin, mais ça peut rappeler ce que disait Robert Bresson sur ses modèles : ce qui est intéressant avec ces modèles, c’est ce qu’il nous cache, comment ils sont expressifs automatiquement sans intentions derrière (l’inverse l’acteur). Dans le cas de ce film, on voit surtout les animaux agir par instinct (notamment de survie) tout le long, bien que malheureusement, certaines scènes trop éloignées de ce que l’on attend du comportement normal d’un animal et certaines rares facilités scénaristiques font légèrement tâches dans la crédibilité global de ces personnages.


On peut noter que plus on avance dans l’histoire, plus la cinématographie change, le montage est plus présent et parfois brutal pour nous percuter encore plus dans les scènes les plus intenses. Vers la fin du film, le hors champ est très exploité (notamment avec l’utilisation de longs plans fixes) pour accentuer le mystère et la tension qui règne, un vrai film de survie.

En parlant de la fin, pour revenir sur la subtilité et donner un exemple concret, il y a cette scène, cette scène au sommet de la tour, cette scène avec les bulles qui volent, cette scène où le serpentaire rejeté monte au ciel, cette scène belle à en pleurer : la musique ambiante voir psychédélique, l’hésitation entre le réel et l’irréel, la gravité qui disparaît comme si on était sous l’eau, le montage brutal qui accentue chaque plans en les faisant durer…

Une mort métaphorique ! C’est fini les Mufasas échoués et autre mères de Bambi qui disparaissent hors du cadre, les gamins sont assez intelligents pour comprendre : preuve en est, pendant la séance, deux enfants étaient placés derrière moi, et le père a hésité à les faire sortir parce qu’il pleurait réellement (sans trop faire de bruit heureusement (sinon ça aurait été une calotte chacun)).


D’ailleurs, le choix d’avoir pris des animaux aussi distincts les rend tous autant marquants les uns que les autres.

Là où le film brille légèrement moins, c’est au niveau du son, la musique est souvent présente mais elle n’en fait pas des caisses pour laisser l’image et le montage parler et c’est déjà ça (elle a été composée par le réalisateur lui-même d’ailleurs). Concernant les bruitages, pas d’extradiégétisme, mais ceux des animaux sont très crédibles et bien placé pour donner une ambiance et un réalisme. Ça aurait pu faire plus mais c’est déjà plutôt bien.


Au niveau de la structure, le film est assez imprévisible, c’est le genre de film tellement particulier qu’on a du mal à imaginer le début ou la fin, on imagine parfaitement le milieu mais on n’imagine peu l'issue.

Et au final, quand on voit la dernière scène, on se dit que c’est juste, une simple boucle bouclée satisfaisante.


Techniquement le film est effectivement superbe (surtout pour son budget très bas) et il arrive à rendre chaque plans et chaque décors très agréables à l’œil, même s’il faut noter quelques failles au niveau de l’animation (méchanique) des personnages, bien que ça donne un style particulier : comme un film d’animation 2d en 3d.


Bref, Flow c’est une immense surprise, je savais que ça allait être bien mais pas que j’allais adorer à ce point ! Un film qui fait immensément du bien et qui plaira à n’importe qui d’un minimum ouvert d’esprit.

Phusikinema
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le 1 déc. 2024

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