Il y a quatre ans, je découvrais Away par hasard au ciné art et essai du quartier, intrigué par son seul résumé vantant l'exploit d'un petit réalisateur léton d'avoir réalisé son premier film tout seul comme un grand... en a résulté une immense baffe esthétique : triomphe absolu de la narration et de la transmission d'émotions par l'image et le son, les dialogues rangés au placard pour mon plus grand bonheur... si j'avais été seul dans la salle j'aurai applaudi à m'en faire mal au mains.

Et je peux en dire autant pour cette belle fresque qu'est Flow.

Citer la réussite visuelle du film est une évidence, toujours ces décors à l'aspect "cel-shading" à la fois épurés et grouillant de détails qui caressent la rétine, le soin apporté à l'animation des animaux faisant ici le choix de l'anti-anthropomorphisme (du moins en grande partie), mais je suis avant tout fasciné par la capacité de Zilbalodis à rendre son récit ultra immersif et viscéral.

On retrouve ces longs plans (où la parole a disparue avec les hommes) qui laissent tout le loisir au spectateur de poser son regard où il veut, sollicitant continuellement sa curiosité ; souvent à hauteur d'homme... ou de minet, pour transmettre une notion d'espace très concrète, rendant ces forêts, ces ruines, et surtout cette eau, aussi merveilleuses que angoissantes tant notre héros félin semble si petit, si fragile... nombre de séquences m'ont fait me dresser sur mon siège comme rarement, et me hante encore...

Mais il a beau reprendre les ingrédients de base ayant fait le succès de son précédent, Zilbalodis ne tombe pas dans le piège de faire une simple "Away 2".
L'aventure intime est ici tronquée au profit du conte onirique, emprunt de réflexions sur le rapport à l'autre, représenté par ces protagonistes que tout oppose (un chat, un chien, un rongeur, un singe et un oiseau), esclaves de leurs instincts et réticences naturelles, qui parviennent peu à peu, miraculeusement, à dépasser leur "animalité" pour se rapprocher et faire front ensemble. Grâce au pouvoir de la patounne.

Car oui, aux thématiques évidentes de la tolérance et de l'entraide peut être rajouté l'amitié, du moins la lente construction de cette dernière, culminant vers ce touchant plan final, où tous finissent par trouver ce qui, au fond, leur faisaient défaut...

Flow, c'est bien le genre de film qui nous fait nous demander en fin de projection pourquoi diable il n'y a pas davantage de propositions de cette trempe dans les salles... alors que c'est si frais, si beau, si... si bien.
... pis y a un ptit chat dedans quoi, merde.

Quoiqu'il en soit, Zilbalodis impose un peu plus comme un nom à suivre, et je ne peux que souhaiter que ces futurs projets soient aussi forts que les deux merveilles qu'il nous a déjà livré.


Note : 8.5/10

NidoX
8
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le 1 nov. 2024

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