Presque un 7 parce que c'est d'une splendeur visuelle assez plaisante, il y a une sorte de fascination géographique et ébahit sans être fantasmé, ça s'inclut parfaitement dans un paysage cohérent comme si toutes ces beautés allait de soi avec un environnement découvert par la protagoniste. Ce parti pris s'explique par l'instrumentalisation du cinéma par le gouvernement militariste qui souhaitait deux choses: faire oublier la guerre ou la promouvoir. Ici c'est les deux, on fait oublier la guerre par cette mise en avant perpétuel du futile (l'essence même du métrage, une brouille entre deux gamines), et on "futilise" même ce qui est un enjeux social majeur: l'exploitation d'une fille en geisha en le mettant en scène comme un caprice, une coquetterie, en dépouillant sa beauté apparente de tout envers. C'est d'autant plus étonnant de la part du réalisateur du très violent et acerbe Fallen blossoms qui traitait de la condition de geisha comme un vase clôt, une prison qui était abandonnée quand la société s'écroule et laissant dans les flammes ces femmes. Ici on exalte le naif, les chansonnettes, la jovialité, la chaleur et surtout le bucolisme, trait commun des œuvres de propagandes qui aliènent par la beauté pure et absolue des choses. Car si aujourd'hui on ne garde de ces films (acteurs ambulants, pour une épingle à cheveux) que leur beauté et leur bon sentiment, remit dans leur contextes c'est bel et bien un outil de propagande et d’aliénation fasciste féroce, car ayant pour but de faire oublier. Cependant maintenant l'aspect propagande perd de sa substance dans deux des trois fils cité, sauf ici lors des scènes montrant le départ d'un soldat qui, car Ishida n'est pas un con, n'ont pas grand chose de bien glorifiant, si ce n'est dans le dialogue, et rendent ce départ fier tout à fait banal et à hauteur d'homme. Pas de tragique ni de complaisance visuelle, la pure neutralité dans une scène qu'on sent forcée à l'instar de la fin de Sincérité de Naruse, qui en plus de prendre la base d'une amitié pour construire son récit, réunit les mêmes critères de "propagande" susmentionné.
Ishida est donc un grand réalisateur bouffé par un projet oubliable qui aurait eu du potentiel si le système politique qui l'a enfanté n'en avait pas vidé les tripes. C'est un réalisateurs qui fait apparaitre magnifiquement les ambiances, qui filme avec une pudeur réelle ce qu'il voit quand ça ne se situe pas dans le lourd mélodrame appuyé, car on sent que le plaisir prit à faire ce film a du avant tout être de filmer des déambulations dans la vie d'Osaka et ses alentours, sa culture et tout ça bénit par la chaleur lourde mais si paisible de l'été, dont chaque ombres est un refuge inégalable pour l’œil. Filmer l'été, c'est avant tout filmer les ombres désirées et la beauté dangereuse du dehors enfin vidé par peur de s'y bruler. L'été c'est le vide et le léger, mais aussi l'impression d'être écrasé par l'ambiance et la lumière devenue lourde et donc le besoin de repos; c'est l'amitié et la beauté retrouvées des paysages et ça le film l'a très bien comprit.