Après Les Opportunistes en 2014, Paolo Virzi filme de nouveau Valeria Bruni Tedeschi dans un rôle taillé sur mesure pour elle. Dans Folles de joie, le réalisateur ose le choix du bonheur, là où beaucoup auraient préféré la morosité du quotidien d’une institution où sont réunies des femmes sujettes à la folie. Ici, il confronte deux personnages que tout semble opposer, comme en miroir, dont le cinéma raffole comme pour mieux les rapprocher à l’écran. Résultat, Folles de joie est un concentré de dinguerie, de douceur et de tendresse, sans oublier de pointer leurs failles de ses personnages. Les femmes, et plus spécifiquement Valeria Bruni Tedeschi, y mènent la danse dans un ballet barré et coloré où la caméra virevolte sans cesse au gré des désirs et des coups de tête des personnages.
« Il en faut peu pour être heureux »
Les deux actrices principales sont presque bluffantes tant elles offrent à leurs personnages ce qu’il faut de folie douce et d’humanité pour que l’on s’attache d’emblée à elles. Mais dans cette farce du bonheur recherché à tout prix, le monde censé être rationnel se confronte à ces femmes qui ne rentrent dans aucune case, et ceux qui s’y heurtent paraissent alors vraiment dingues, eux aussi. Avec une trame proche du Meurtrières de Grandperret, Virzi ajoute ce qu’il faut de drôlerie pour nous transporter dans son univers. Les deux femmes évoquent également, au volant d’une voiture à l’ancienne, Thelma et Louise. A ce jeu-là, Valeria Bruni Tedeschi excelle dans le rôle de Beatrice, une affabulatrice, vouée entièrement à la joie. Prête à s’embarquer dans n’importe quelle aventure, elle choisit la plus paumée des pensionnaires pour se « socialiser » comme on le lui a demandé. A la première occasion, elles prennent la poudre d’escampette pour aller vers une quête de l’acceptation, celle de s’apaiser pour continuer à tourner sur cette Terre remplie de folie. L’énergie de Beatrice traverse l’écran et envahit tout entier le spectateur, l’aphasie de sa comparse finit par y céder elle aussi. Le film est comme un petit traité du bonheur, une gourmandise qui parvient aussi à nous toucher. Pas un grand film, mais une petite pépite de drôlerie qui n’oublie pas de regarder la vérité en face et nous donne envie de faire tomber les masques et de se secouer pour être simplement heureux.
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