Un-fucking-believable
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Sacré Joel Silver ! Sitôt remis du succès de Predator et Piège de cristal, le futur producteur de Matrix a pris tout le monde de court en singeant sa propre formule. Enfin non, pas "formule" : le bonhomme a du flair pour deviner les talents de demain. Pas ceux qui rempliront les caisses de façon éphémère, plutôt les cinéastes qui marquent leur époque. Là, il donne sa chance à Renny Harlin pour cette auto-parodie. A l'époque, ce brave Renny n'avait signé que deux longs-métrages, dont le quatrième Freddy. Silver appréciera suffisamment leur collaboration pour lui confier les rênes du second Die Hard. Oser, c'est bien. Etre trop en avance, ça peut coûter cher. Scénarisé par Daniel Waters (le génialement acide Heathers), Les Aventures de Ford Fairlane ne marcha pas en salles, et à l'époque, pas d'internet pour lui assurer un petit buzz à grande échelle.
Détective privé qui opère uniquement dans le milieu du rock'n'roll, Ford Fairlane ne ressemble à rien, et c'est tant mieux. Croisement entre Columbo, Elvis et une punchline sortie du Flic de Beverly Hills, le personnage vous cause en voix-off comme un pote le ferait un soir de cuite, patte près des valseuses et déhanché bling-bling de rigueur. Il se la raconte à mort et il est irrésistible. Dans le rôle, Joel Silver a casté l'humoriste Andrew Dice Clay, qui semble né pour être là. Aidé par une direction artistique au poil, Les Aventures de Ford Fairlane aligne les dérèglements : un koala pour sidekick, de la punchline qui fuse ("So many assholes. So few bullets.") et un esprit proche des ZAZ passé au filtre d'un actioner où les gags font avancer le script. Pas assez violente pour s'imposer façon L'Arme fatale", cette comédie là s'est montrée trop light pour cartonner à l'aube des 90's.
Forcément, une telle générosité dans l'irrévérence vulgos ne pouvait qu'exciter la "lucidité" des Razzie Awards. Malgré sa production value, Ford Fairlane ira choper la récompense du plus mauvais acteur (pour Andrew Dice Clay), du plus mauvais film (pour Joel Silver et son collègue Steve Perry) et du plus mauvais scénario. Au passage, Renny Harlin était en lice, catégorie plus mauvais réalisateur, alors qu'il signait là un de ses meilleurs films (en même temps, il sont peu...). Malheureusement, le réalisateur ira ensuite faire couler un studio avec le dispendieux L'Ile aux pirates. Un four colossal qui, économiquement parlant, est aux années 90 ce que La Porte du paradis de Cimino fut à la décennie 80. Mais les films restent, et cette joyeuse anomalie qu'est Les Aventures de Ford Fairlane ressemble quelque part à l'ancêtre des travaux d'Adam McKay, Very Bad Cops en tête.
En France, le film sortira directement en vidéo, amoindrissant un peu plus ses chances. Mais l'air de rien, Silver aura mis en boîte son propre cinéma tout en lui donnant les moyens d'une bande au premier degré. Comme le dirait l'ami Ford : unfuckinbelievable !
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le 7 févr. 2015
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