Dans Forrest Gump, on suit les nombreuses péripéties du personnage-titre racontées par celui-ci. Avec un air naïf et lucide à la fois, Forrest nous replonge à travers ses yeux innocents dans les événements les plus marquants de l’Amérique au XXème siècle. Il en profitera aussi pour parler de sa rencontre avec sa meilleure amie Jenny et de l’évolution de leur relation.
Forrest Gump est un film extrêmement riche, autant dans l'histoire que dans le langage, le montage et les éléments de la continuité. En voici plusieurs exemples :
Éléments du langage cinématographique
- Faible profondeur de champ
Définition : Cela se produit lorsque l’arrière-plan devient moins net que le sujet qui est devant.
Description de la scène : Au moment où Forrest raconte qu’il y avait tout le temps plein de gens chez lui, on le voit danser en présence d’Elvis Presley. Afin que l’on ne se rende pas compte que ce n’est pas le vrai Elvis, on utilise une faible profondeur de champ avec Presley en arrière-plan et le petit Forrest en avant-plan, où il fait ses fameux pas de danse. (11m 17s)
Définition : Présence du reflet d’un sujet quelconque sur une surface réfléchissante, comme de l’eau, un miroir, ou une fenêtre.
Description de la scène : Après avoir rencontré Elvis, Forrest marche dans la rue avec sa mère et aperçoit une télévision dans une vitrine où le King se met à bouger ses jambes comme Forrest lui a montré. Dans cette scène, on voit le reflet de la télévision dans la vitrine, ce qui permet de voir à la fois les réactions des personnages et ce qu’ils regardent. (12 min)
Définition : Lors d’une vue en plongée, la caméra filme le sujet en pente au-dessus de celui-ci, alors qu’une vue en contre-plongée filme au-dessous du sujet.
Description de la scène : Après la scène du tournage avec John Lennon, Forrest sort du lieu et fait ses retrouvailles avec le Lieutenant Dan. Celui-ci est filmé en plongée, car comme il en veut à Forrest de l’avoir sauvé et qu’il a perdu ses deux jambes, on veut accentuer le fait qu’il est vulnérable et en détresse. D’un autre côté, on a Forrest qui lui est filmé en contre-plongée afin de montrer son influence grandissante et sa belle vie, car il est devenu un héros et a gagné la médaille d’honneur du Congrès. (1h16)
Définition : Plan où l’on filme les images d’un appareil électronique, comme une télévision, un ordinateur, ou une caméra.
Description de la scène : Il y a énormément d’effets de portail dans ce film, mais j’ai décidé de choisir la scène où Forrest reçoit la médaille d’honneur, car je trouve que c’est un moment important qu’il a pu vivre dans sa vie, même si ça n’occupe pas une grosse partie de l’histoire. Ça veut simplement signifier qu’il ne se soucie pas vraiment de ce qui se passe, car juste après avoir eu cette médaille, il a montré sa blessure au postérieur à la demande du président sans se poser de questions. (1h03)
- Grande profondeur de champ
Définition : À l’inverse de la faible profondeur de champ, la grande profondeur de champ offre une netteté intégrale à l’intérieur du champ de l’image.
Description de la scène : En se retrouvant malgré lui en train de faire un discours sur la guerre pour un groupe de manifestants, Forrest s’adresse à la foule alors que son micro est coupé. Dans cette scène, on a une grande profondeur de champ lorsque que l’on voit la foule, car Forrest veut s’adresser à absolument tout le monde. Ça sera aussi utile lorsque Jenny fera son apparition dans l’eau, car on la reconnaitra instantanément. (1h06)
Définition : Cet effet est perçu lorsque la lumière se trouve derrière un sujet et que celui-ci se retrouve complètement noir.
Description de la scène : Après avoir retrouvé le Lieutenant Dan à bord de son crevettier, Forrest laisse son bateau seul afin de le rejoindre. Pendant sa conversation, le bateau détruit un quai derrière lui. Juste après cette scène, on nous montre un plan du bateau avec un effet de contre-jour. Ce plan est magnifique par l’immensité du crevettier. (1h33)
Définition : Lorsque l’on sépare un plan en six parties égales, cela crée quatre points de force et quatre lignes des tiers. Lorsqu’il y a un plan avec un sujet qui se situe sur un point ou une ligne, ça donne un meilleur effet à l’écran.
Description de la scène : Après le dernier départ de Jenny avant sa mort, Forrest s’est mis à courir durant trois ans sans s’arrêter. Pendant sa course, on peut le voir à plusieurs endroit, notamment en train de traverser un pont. Dans ce plan, Forrest se trouve sur le point de force en haut à gauche et le pont se trouve sur la ligne horizontale du haut. (1h54)
Définition : Mouvement de caméra qui se dirige vers l’avant. À ne pas confondre avec le zoom.
Description de la scène : Quand Forrest décide d’arrêter sa course, tout le monde s’arrête avec lui et attend une réponse de sa part. Pour augmenter le suspens, avant qu’il prenne enfin la parole, un léger travelling avant se dirige vers sa tête. Aussitôt que le mouvement s’arrête, des mots sortent finalement de sa bouche. (1h58)
Définition : C’est lorsque deux plans se font face en alternance. Par exemple, lors d’un dialogue, il y a un plan sur le premier personnage et un plan sur le second l’un à la suite de l’autre, car les deux personnages se regardent.
Description de la scène : Évidemment, comme dans tous les films, les champs-contre-champs sont omniprésents dans Forrest Gump. J’ai donc choisi une autre scène d’un moment important pour Forrest, c’est-à-dire quand Jenny lui fait la demande en mariage. Il y a un champ-contre-champ pour montrer à la fois Jenny quand elle lui demande et Forrest pour voir sa réaction. C’est un moment qu’il attendait depuis longtemps. (2h04)
Définition : Le nom le dit. C’est quand on filme un sujet avec un gros plan, par exemple sur la tête d’un personnage.
Description de la scène : Pendant la guerre, Forrest se met à sauver plusieurs personnes, car il est à la recherche de Bubba. Quand il le trouve enfin, il se rend compte qu’il est dans un sale état. Il décide tout de même de le ramener. Une fois ceci fait, afin de ressentir la douleur de Bubba alors qu’il est en train de mourir, la caméra fait un gros plan sur sa tête. (56 min)
Éléments du montage et de la continuité
- La continuité dans la direction
Définition : Un sujet qui se dirige dans une direction conserve cette même direction jusqu’à destination.
Description de la scène : Alors que Forrest se fait lancer des roches par d'autres enfants, il se met à courir pour la première fois. Pendant sa course, il ne suit jamais la même direction, ce qui crée une erreur dans la continuité. Il change quatre fois de direction, alternant de gauche à droite et de droite à gauche. (17m 15s)
Définition : Il s’agit d’éliminer l’inutilité en coupant une petite partie du film.
Description de la scène : Quand Forrest apprend que sa mère est malade, il va la rejoindre chez elle. Comme il est inutile de montrer le moment où il monte les escaliers pour aller dans sa chambre, on coupe cet instant qui ne ferait que rallonger le long-métrage pour rien. (1h39)
Définition : Ça permet d’induire que le plan suivant est l’objet observé par le protagoniste du plan précédent.
Description de la scène : Au moment où Jenny et Forrest marchent ensemble après leurs retrouvailles, celle-ci aperçoit quelque chose, mais on ne le voit pas tout de suite. On comprend alors que le plan suivant sera ce qu’elle regarde. Il se trouve que c’était l’ancienne maison de son père. (1h46)
Définition : Superposition de deux plans l’un par-dessus l’autre.
Description de la scène : Peu de temps après la scène où Jenny retombe sur la maison de son père, elle et Forrest regardent des feux d’artifices. On nous montre ces feux d’artifices et sans qu’on s’en rende compte, il y a une transition, car il y a un travelling arrière et les feux sont désormais dans une télévision. On voit la surimpression avec la statue qui apparait. (1h48)
Définition : C’est un plan dans le même axe dont l’échelle diminue ou augmente.
Description de la scène : Comme Forrest était très doué au ping-pong, il a participé à un tournoi. Lors de la scène de ce tournoi, on voit la table de ping-pong sous différentes échelles. Parfois, on la voit très éloignée et d’autres fois, très rapprochée. (1h14)
Forrest Gump, c’est le film culte que tout le monde doit voir au moins une fois dans sa vie. Malgré sa longueur, il est accessible à tous et c’est pratiquement impossible de s’ennuyer une fois qu'on l'a commencé. C’est un film beau, qui fait réfléchir et qui nous amène à nous poser des questions sur nos propres choix de vie, car c’est l’effet que ça fait de voir la vie à travers les yeux de Forrest. On se sent proche de lui et de ses sentiments. On arrive même à réfléchir de la même manière que lui. Aussi, ce qui est incroyable, c’est que le long-métrage nous fait passer par absolument toutes les émotions : la tristesse, l'espoir, la pitié, le bonheur, la compassion, la colère, etc. D’ailleurs, il y a plusieurs détails qui peuvent nous échapper au premier visionnage, comme lorsque Forrest joue au ping-pong. La première fois qu’il a joué, on lui a donné un conseil : ne jamais quitter la balle des yeux. Donc à chaque fois qu'il joue au ping-pong, Forrest ne cligne jamais des yeux. Bref, Forrest Gump est un film que presque tout le monde se doit d'aimer, car il a l'avantage de toucher à pratiquement tous les genres cinématographiques.