Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce western tourné en 1955 par un réalisateur Lesley Selander, que je ne connais pas du tout. Il semblerait qu'il fut un metteur en scène très prolifique avec un rythme annuel de films très soutenu.
Le scénario est brut de fonderie pour ne pas dire simpliste mais, en même temps, amorce certaines réflexions sur le racisme anti-indien.
Déjà le film commence bizarrement sans trop d'explication. Trois indiens viennent à Fort Yuma, un fort perdu au milieu de nulle part, pour signer une paix avec le commandant du fort.
Ils ne sont pas encore descendus de cheval qu'un vieux fou dont on ne saura rien et que personne ne connait, tue un des trois indiens, dont on apprendra plus tard qu'il s'agit de l'apache Mangas Coloradas, le (un) chef des indiens apaches. Le fils présent repart bien décidé à reprendre le chemin de la guerre et à détruire Fort Yuma. "Mon père voulait la paix. moi, je veux Fort Yuma".
Parallèlement à cela, un convoi de ravitaillement part de Fort Apache pour Fort Yuma.
Ce qui m'amène à constater une autre curiosité de ce western : le convoi est conduit par un lieutenant qui hait, viscéralement, les indiens. Par ailleurs, le convoi est chargé d'accompagner deux femmes, l'une institutrice missionnaire et l'autre, indienne apache dont la fonction (mal définie dans le film) est d'assister l'institutrice. Pour l'instant, rien de trop particulier sauf que la femme indienne est la sœur d'un sergent éclaireur, présent dans le détachement. Selander nous offre alors une double romance interraciale entre le lieutenant (qui n'aime pas les indiens) avec la femme indienne et entre le sergent éclaireur et la femme institutrice "blanche". C'est bien, je ne vais certainement pas critiquer cette bonne et originale idée. Sauf que, encore une fois, ça semble sortir un peu ex nihilo, sans explication et surtout c'est très mal amené et ça parait très artificiel. Ce n'est pas tant une double romance qu'un double coup de foudre. Et comme tout le monde sait, un coup de foudre ça vous tombe dessus sans explication.
D'une discussion orageuse entre le frère et la sœur, on comprend que l'indienne est plus attirée par les hommes blancs plus respectueux des femmes que les indiens. Son frère est outré par cette absence de dignité mais l'indienne lui rétorque qu'avoir endossé l'uniforme de la cavalerie n'est pas non plus une grande preuve d'honneur.
"La dignité d'une femme vaut-elle moins que l'honneur d'un homme"
Par ailleurs, Patrick Brion explique dans le bonus du DVD que le film était, au départ, très violent et ne passait pas les critères du Code. De nombreuses scènes ont dû être coupées. Il en reste cependant un western inhabituellement violent pour l'époque, par exemple la scène où le lieutenant ordonne qu'on pende un indien fait prisonnier avoir avoir mené un interrogatoire plutôt musclé.
Ce western porte des idées très intéressantes dans sa mise en perspective de relations entre indiens et blancs. D'autant que l'officier, raciste, s'éprend de l'indienne et au final sera amené à réviser ses a priori et préjugés.
Mais le scénario et la mise en scène ne sont pas à la hauteur de l'ambition. On pourrait même dire que le film est - un tantinet - bâclé. Il y a beaucoup trop d'approximations dans le scénario et dans le jeu des acteurs qui décrédibilisent l'ensemble du film.
Dommage.