Présenté en sélection Un Certain Regard, le nouveau Sergio Castellitto hésite entre le feel good movie et le mélo poisseux.
Un rayon de soleil éclaire la Croisette ; elle s'appelle Fortunata. Chronique d'une mère célibataire (Jasmine Trinca) aux prises avec son entourage dysfonctionnel, Fortunata foisonne de couleurs et d'émotions. On s'attache à cette poignée de personnages adorables, detestables ou drôles. Jasmine Trinca, lumineuse en Antigone version cagole italienne, collectionne les abrutis tout en gérant une gamine à problèmes et force l'admiration malgré des choix de vie désastreux.
Mais quelque chose dérange dans la filmographie de Sergio Castellitto. Serait-ce sa tendance à créer des héroïnes fortes pour leur faire subir les pires comportements masculins, ou sa tendance à les sexualiser à l'image, ou encore son réel problème avec la notion de consentement (dans Venuto al mondo comme dans Fortunata, l'héroïne résiste à une agression sexuelle puis se laisse faire avec bonheur, avant de sortir avec le type) ? Fortunata se veut émancipateur et y parvient en partie. Mais les marottes du réalisateur, tout comme sa propension à en faire trop, injectent un aspect kitsch, voire cliché, à des films autrement voués à de belles choses.