Il y a trop d'ingrédients dans Fortunata pour que la sauce parvienne vraiment à prendre : un peu de chronique du quotidien des laissés pour compte, du drame, de la comédie à l'italienne, des digressions sur la maternité, la vieillesse et la culpabilité. Et que je t'incorpore de la fatalité, du déterminisme social, de la destinée. Ajoutez une pincée de psy, allongez avec des longueurs musicales et servez chaud. Euh, non tiède plutôt.
Ce n'est pas non plus un navet, loin s'en faut. Il aurait simplement convenu de faire un peu de tri entre tous ces thèmes, et ça aurait à mes yeux pu donner un film véritablement percutant. Par exemple, le parallèle entre les personnages de Fortunata (dans le film) et d'Antigone (dans la pièce) n'est pas inintéressant au regard de la détermination que l'une et l'autre mettent dans leurs actes et leurs desseins. Mais, ces derniers sont in fine plutôt divergents, Fortunata luttant pour améliorer sa vie (qui en a bien besoin, soi dit en passant), alors qu'Antigone le fait pour un principe. Il y a ainsi plein de choses, qui dans ce film, sont ébauchées, des idées pas débiles du tout, mais tout s'emmêle et ça ne va jamais jusqu'au bout au point de saisir le spectateur. Du moins, le spectateur que je fus.
Après, les acteurs jouent plutôt très bien, avec une mention spéciale pour celui qui interprète Franco, l'ex-mari de Fortunata, un beauf de chez beauf qui officie comme agent de sécurité (ou flic, je connais mal les uniformes italiens). Ce qui maintient en éveil durant l'heure trois quart que dure le film, qui porte également - par petites touches - un regard intéressant sur la société italienne d'aujourd'hui. Mais, hélas, ça reste trop confus, improbable et l'émotion ne surgit jamais réellement.