Foutaises
7.3
Foutaises

Court-métrage de Jean-Pierre Jeunet (1989)

Voir le film

Cette critique, une fois n'est pas coutume, ne sera pas très longue. Faut dire que ce court ne dure que 7 minutes.
"- Seulement 7 minutes ?! ", me direz vous d'un air incrédule (faites comme si, c'est qu'une question de volonté).
Ouais, pour s'ennuyer faut vraiment être un putain d'impatient. Moi-même l'étant modérément, j'ai eu du mal à cacher ma lassitude devant son autre film phare, enfin surtout pour le grand public, vous savez, celui avec la fille à la coupe au bol et son univers totalement fantaisiste, ça vous revient maintenant, oui c'est ça "Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain" qu'il s'appelle.

C'est en effet le seul long métrage de Jeunet qui a cartonné en France, dévoilant sous nos yeux ébahis un Paris unique à travers le regard naïf et innocent d'une jeune femme pas comme les autres. C'en était tellement envahissant qu'au bout de plus de deux heures de film toute la magie qui nous entourait avec un plaisir certain en devenait vomitive. Ce qui est chouette avec Foutaises, de 10 ans son ainé, c'est son format. Il lui permet de préserver cet enchantement sans aucune baisse de régime et même de le faire durer après coup.

Je dis ça, car Jean Pierre Jeunet ce n'est pas que du sépia, un cadrage signé Marc Caro et des situations improbables. Comme l'ont répété plusieurs senscritiqueurs; le concept de ce court-métrage n'a rien d'innovant. Ne vous attendez donc pas à un scénario alambiqué, à un message de quelque teneur que ce soit, pour la bonne et simple raison qu'il n'y en pas. Soyons francs, il n'a certes pas inventé la roue et peut-être même qu'il en a pas le talent, mais force est de constater que dedans, dans Foutaises, il a pleinement réussi à y instaurer une ambiance vachement géniale.

Quand je dis ambiance, dans le cas présent c'est plus que cela. Ce que je préfère dans le cinéma (et pas que), c'est de découvrir des œuvres qui ont ce ptit truc en plus que la grande majorité des autre n'ont pas. Certains nomment ça une personnalité, d'autres n'y prêtent simplement pas attention, de mon côté j'appelle ça une âme. Vous voyez à quoi je fais référence, mais si, le chainon manquant qui donne une identité à une coquille vide (GITS inside). Sans dec', ça fait bien longtemps que j'avais vu quelque chose avec autant d'âme et permettez moi de vous dire que ça fait plaisir.

Ce qui est super cool avec Foutaises, c'est que l'acteur fétiche de Jeunet, Dominique Pinon, même s'il joue le rôle d'un homme entre deux âges s'exprime tout du long comme un mioche de 10 ans. Il n'y a pas que ça, non mon bon monsieur... et ma bonne madame, il y a de la place pour tout le monde. Contrairement à presque tous les réalisateurs rongés par leurs démons respectifs, je ne les ai pas ressenti une seule fois dans ce court. Je n'ai rien remarqué qui laissait présager que c'était le fruit d'un homme "normal", rongé par les vicissitudes de son quotidien, qui à l'insu de son plein gré les aurait fait transparaître sur la pellicule. Même "L’Été de Kikujiro" de Kitano qui est selon moi l’œuvre qui s'en rapproche le plus, alors qu'en apparence elles n'ont rien à voir mais alors rien du tout, n'était pas épargné par l'empreinte des travers qu'il trimballe depuis un paquet de temps déjà.

Tout ça pour ça ! Ouais et j'assume. Il est évident que la plupart critiques n'ont certainement pas accroché à ce court, ben ouais il aurait dû fixer pendant 23 minutes un sac qui flotte dans le vide avec des acteurs travestis en girafe printanière à l'arrière plan se questionnant sur le sens profond de la vie bafouée d'une lentille anorexique (hein?). Vous l'aurez constaté à juste titre, jusqu'à maintenant je me suis bien gardé de vous révéler de quoi ça parle, garant de votre innocence peut-être déjà retrouvée, je ne pouvais pas...STOP, ne prenez pas pour un imbécile, je n'en dirai pas davantage. Si vous pouvez encore vous laisser porter par une œuvre d'art, même en noir et blanc, qui ne dure que 7 Minutes en plus, alors franchement, tentez au moins l'expérience. Vous n'avez rien à perdre, à part 7 courtes et délicieuses Minutes... Bon, c'est vrai qu'avec la lecture de ma critique ça passe facile à 10 alors que cette fois-ci j'avais promis qu'elle serait courte, m'enfin...

Foutaises est trouvable très facilement sur la mouvance du jour et tubetoi.
Mehdi-Ouassou
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 15 août 2012

Modifiée

le 20 août 2012

Critique lue 977 fois

8 j'aime

3 commentaires

Mehdi Ouassou

Écrit par

Critique lue 977 fois

8
3

D'autres avis sur Foutaises

Foutaises
Gand-Alf
8

L'univers de Jeunet en sept minutes.

En sept petites minutes, ce court-métrage attachant de Jeunet résume tout ce qui deviendra l'univers du cinéaste (je parle bien sûr de sa carrière solo, pas de ses collaborations avec Marc Caro) mais...

le 10 mai 2012

22 j'aime

Foutaises
Mehdi-Ouassou
9

Amélien Poulain Director's Cut

Cette critique, une fois n'est pas coutume, ne sera pas très longue. Faut dire que ce court ne dure que 7 minutes. "- Seulement 7 minutes ?! ", me direz vous d'un air incrédule (faites comme si,...

le 15 août 2012

8 j'aime

3

Du même critique

Princesse Mononoké
Mehdi-Ouassou
10

C'est dans la nature de l'homme de changer la nature

Miyazaki était selon moi un réalisateur surcoté par une presse politiquement correcte et bien pensante. En effet, jusqu'à récemment je n'avais vu que Le voyage de Chihiro qui contrairement aux...

le 2 avr. 2011

36 j'aime

11

Le Prisonnier
Mehdi-Ouassou
10

Bonjour chez vous

Ceci n'est pas une critique à proprement parlé mais plutôt une des multiples interprétations et thématiques que l'on peut puiser de cette magistrale série. "Bonjour chez vous" C'est sans aucun doute...

le 20 déc. 2010

29 j'aime

5

Patlabor 2
Mehdi-Ouassou
10

Pas de monde en paix sans coeur en paix

Le premier film introduisait avec parcimonie et modération la patte de Mamoru Oshii qu'on apprécie tant pour sa poésie et son onirisme. Pourtant, dans Patlabor 2, il a totalement assumé sa propre...

le 24 janv. 2011

25 j'aime

10