C'est dans la nature de l'homme de changer la nature
Miyazaki était selon moi un réalisateur surcoté par une presse politiquement correcte et bien pensante. En effet, jusqu'à récemment je n'avais vu que Le voyage de Chihiro qui contrairement aux critiques dithyrambiques ne m'avait pas vraiment emballé. Ni son allégorie sous forme d'une comptine pour adultes, ni son message humanisant ne sont parvenus à me transporter dans son univers si particulier afin de m'émouvoir au plus profond de mon être.
Je partais donc avec une force appréhension quant à Princesse Mononoke, c'est pourquoi les conseils avisés et répétés de mes amis ont mis tant de temps à porter leurs fruits. Aujourd'hui, je dois les remercier de m'avoir fait mentir et encore plus d'avoir émis des préjugés infondés quant au pouvoir onirique de Miyazaki.
Ce long métrage est certes violent, aussi bien dans l'action que dans son inaction , mais au fond, il est à l'image de notre monde, vicié et perdu dans des problématiques qui ne devraient même pas être les siennes. La majorité des spectateurs y ont vu une métaphore quant au désastre écologique que nous subissons depuis des décennies. Mais est-ce vraiment ce que Miyazaki a voulu nous montrer ?
Personnellement, j'y ai perçu un message qui allait bien au-delà de cette considération intellectuelle. En effet, tout s'articule autours de l'élément principal qu'est la "nature". Mais par ce mot, on peut digresser sur des thématiques multiples et variées qui au final nous écarteront davantage de l'essentiel.
C'est pourquoi, dans cette fable fantastique et onirique qu'il a créé, les divinités qui peuplent les forêts sont toutes animales. Par ce vecteur il nous soumet simplement l'idée que la nature n'est pas seulement caractérisée par les arbres, les oiseaux, le ciel et moult choses encore, mais qu'elle est l'origine de tout; des être humains y compris.
C'est à partir du moment où on prend conscience de ce constat évident mais autant ignoré par les hommes sans scrupule que par les écologistes extrémistes que l'on peut discerner toute la symbolique de ce chef d'œuvre.
En tant qu'espèce vivante sur Terre, il est logique et cohérent que celle-ci change et se transforme en notre présence. Cependant, il ne faut pas oublier qu'elle est notre créatrice et qu'elle est seule garante de l'avenir. Du nôtre, mais également de l'avenir de tout ce qui nous entoure.
Si pour protéger ce qui nous entoure nous nous dérobons à notre propre survie, alors la nature se passera de nous comme elle l'a fait pour d'autres espèce depuis des temps immémoriaux . Si au contraire la recherche aveugle du pouvoir et de la richesse nous détourne complètement de celle-ci, quitte à la détruire sans vergogne jusqu'à sa disparition totale, cela signifiera aussi la nôtre.
La juste attitude est donc de vivre en harmonie avec la nature, en faisant valoir nos droits en tant que composante et acteurs de celle-ci, sans pour autant oublier nos devoirs. Cela, dans le seul but de maintenir un équilibre vertueux au sein de cette unicité plurielle.
- Ce n'est qu'après avoir coupé le dernier arbre
- Ce n'est qu'après avoir empoisonné la dernière rivière
- Ce n'est qu'après avoir pêché le dernier poisson
- Seulement après, vous découvrirez que l'argent ne se mange pas
Proverbe Amérindien
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.