Pas de monde en paix sans coeur en paix
Le premier film introduisait avec parcimonie et modération la patte de Mamoru Oshii qu'on apprécie tant pour sa poésie et son onirisme. Pourtant, dans Patlabor 2, il a totalement assumé sa propre vision quitte à s'écarter de l'œuvre original.
Par un subtil transfuge, il est parvenu à créer une liaison entre les deux films qui qualitativement et structurellement sont à l'extrême opposé, ce qui peut expliquer un début poussif manquant singulièrement de rythme.
Les robots (labors) et les deux personnages principaux du précédent long métrage , Noa et Asuma, sont ainsi progressivement relégués au second plan afin de mettre en valeur les deux chefs de division qui étaient davantage observateurs des évènements passés.
Même si cela leurs permettaient d'avoir un recul sur le monde qui les entourait, leurs incidences y étaient quasiment nulles, ce qui entraînait des lacunes réflexives sur l'ensemble. Cependant une fois cette transition entre ces deux univers presque antinomiques achevée, on se retrouve indubitablement en terrain connu.
Réalisé quelques années avant l'avènement de l'Internet et de la technocratie des réseaux de l'information, Mamoru Oshii aborde une thématique sensiblement différente de celle de GITS. Il s'interroge davantage sur les conflits qui émaillent la planète mais aussi le combat intérieur que chaque être humain doit livrer. Il nous soumet donc l'idée que la paix et la guerre sont des concepts bien relatifs compte tenu des maux qui gangrènent le cœur de chacun d'entre nous.
Dans ce récit comme à son accoutumée, Mamoru Oshii parvient à éviter l'écueil d'un manichéisme pourtant si facile en affirmant que nous sommes tous victimes mais aussi coupables de la dégradation tantôt imperceptible, tantôt cataclysmique de notre monde caractérisé par sa déshumanisation grandissante.
Les catastrophes sont-elles nécessaires pour prendre conscience de l'état pitoyable de notre planète qui ne nous appartient pas ?
Est-il justifié et légitime de prendre l'espace d'un instant la place de Dieu tout en étant limité par notre condition humaine afin éclairer le cœur de chacun plongé dans l'obscurité ?
Tant de questions sans réponse, mais parfois, le temps de se poser la bonne question, en un battement d'ailes, tout s'est déjà envolé, ne laissant que des plumes à même le sol.
[La trame principale de Patlabor 2 est semblerait-il bien davantage qu'une source d'inspiration pour celle (Les Onzes Individuels) de Ghost In The Shell SAC 2nd GIG. Cela m'a attristé dans le sens où j'espérais autrement plus de créativité dans l'élaboration de ces univers passionnants]