En voilà un film solide pour commencer l'année. Brut de décoffrage dans la mise en scène, avec d'ailleurs un prix amplement mérité. Des choix de cadrages vraiment adaptés à l'univers développé dans le film. Une déformation constante des visages et des corps. Un choix de format d'image complètement justifié pour montrer ces corps en lutte, mais aussi la lutte entre ces trois personnages, voire même personnes, qui se dessine progressivement durant le long du film.
C'est curieux puisque je vois ce film et A Most Violent Year (pour prendre un exemple tout aussi récent) se faire taxer par ci ou par là de films académiques. Alors je dirais que c'est passer à côté de tout un tas de chose, et essentiellement de la mise en scène pour Foxcatcher, quoiqu'aussi pour le second même s'il s'appuie sur bien plus que cela.
Bon, ceci-dit, sans des performances aussi justes et bien accordées, le film n'a plus sa mise en scène. Alors il faut franchement reconnaître que Channing Tatum, Steve Carell ainsi que Mark Ruffalo vont et viennent entre eux avec une fluidité et une crédibilité des plus agréables, sans oublier qu'ils sont assez méconnaissables avec ce maquillage pas si excessif.
En tout cas je dois dire que j'ai été impressionné par ces cadrages déformants associés à une photo relativement froide, donnant au film son ambiance un peu clinique par moments, imprévisible. Mais c'est surtout le personnage de John Du Pont qui rend cela possible, avec son regard empli de vide, et ses discours desquels déteignent un esprit de morale polymorphe. Il n'y a d'ailleurs qu'une seule fois durant Foxcatcher que l'on décèle chez le regard du personnage interprété par Carell un semblant d'émotion, et ce plan fait partie des plus révélateurs du film.