Bennet Miller m'avait impressionné avec l'élégant et classieux Truman Capote, et l'entraînant Moneyball, film sous-estimé en France. Mais là, il réalise son magnum opus. Ce film est un chef-d'oeuvre, n'ayons pas peur des mots. C'est bien plus qu'un simple fait divers, qu'un film de sport, c'est un film miroir de l'Amérique. De l'image qu'elle façonne, qu'elle bâtit à coup d'illusions, de vagues et d’esbroufe. La mise en scène, magistrale, épurée, classique, d'une grâce effrayante, servie par un esthétisme froid et stylisé. Ce qui élève le film au niveau de grand film, c'est son épaisseur considérable, ses niveaux de lecture, son effet reflet d'une idéologie occidentale, sa vision du monde. C'est tant un film sur la filiation, que sur la fascination du héros, la fantaisie du leader, le fantasme du frustré, l'ambition du puissant, la soumission du démuni, la portée du leader, le rêve d'une nation, l'idéologie politique et sociétale d'un pays. C'est en somme, un film grandiose. Ajoutez à cela un trio d'acteurs parfait et vous avez l'un des plus grands films américains depuis des années.