Étant fan de Steve Carell, j’attendais ce film avec un mélange d’excitation et d’appréhension. Si le héros de The Office, n’a plus rien à me prouver, tant la palette de jeu qu’il présente dans cette série en fait, selon moi, un des meilleurs acteurs actuels (et oui, je n’ai pas précisé « de comédie » volontairement), le voir s’engouffrer dans un rôle dramatique aussi fort, à l’opposé de ce qu’il fait habituellement, pouvait légitimement laisser craindre une stratégie carriériste d’un comédien en quête de reconnaissance.
Disons-le tout de suite, ce n’est clairement pas le cas, de la même manière que Foxcatcher n’est en rien un biopic académique. Le film, tiré d’une histoire vraie, nous raconte les relations conflictuelles entre le lutteur médaillé Mark Schultz (Channing Tatum), son grand frère Dave Schultz (Mark Ruffalo) et le riche mécène qui va les prendre sous son aile, Jon E. du Pont (Steve Carell). Bennett Miller décrit les rapports de force complexes entre ces trois protagonistes à travers une réalisation lente mais élégante, laissant apparaitre dans la composition de ses cadres les différents complexes et frustrations qu’éprouvent chaque personnages dans son rapport à l’autre, avant de s’achever sur la triste résolution de ce fait divers.
La mise en scène de Miller ne serait rien sans les acteurs devant la caméra. Si Channing Tatum est le plus faible, en étant parfois au bord du surjeu, il reste toutefois solide et physiquement impressionnant tout comme Mark Ruffalo, plus dans son registre mais très juste. Quand à Carell, en plus d’accomplir un travail de mimétisme saisissant, il se révèle comme un choix de casting extrêmement intelligent, tant le personnage de Jon du Pont n’est rien d’autre qu’un Michael Scott inversé. On éprouve d’abord une certaine sympathie à son égard mais il suffit de percevoir son regard au travers du maquillage qui l’enlaidit pour voir apparaitre un être seul, pathétique et gênant, cherchant à tout prix à se faire aimer et à mériter les richesses héritées par sa famille. Il instaure un malaise qui va être le cœur d’un film sur le besoin de s’accomplir par la domination de l’autre.
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