Plus que jamais, Bennet Miller recentre sa mise en scène autour des performances de ses acteurs auxquelles il attache un soin tout particulier. Il faut dire qu’elles représentent les 2/3 de la valeur de « Foxcatcher », ce qui était déjà le cas entre autre, avec Philippe Seymour Hoffman, incroyablement bon dans « Truman Capote ». Le trio de choc retenu pour faire revivre ce pitoyable fait divers sportif, en est une preuve. Entre un Steve Carell (dont c’est le premier vrai rôle compte-tenu des nanars dans lesquelles il a participé) grimé et maniéré à souhait, qui incarne avec force ce pervers narcissique, un Mark Ruffalo convaincant et qui réussit l’exploit de nous faire oublier qu’il a vingt ans de plus que son personnage et un Channing Tatum, plus primaire que jamais (à la limite du ridicule dans sa posture simiesque), on tient là un terreau avantageux pour glaner quelques pépites dans le champs de récompenses hollywoodiennes en tous genres. C’est de saison, soit. Par contre on s’étonne du prix de la mise en scène à Cannes et ce que le jury a pu voir d’autre, qu’une mécanique bien huilée et redondante, en rien transcendante, et indigente de toute émotion. Rien de bien affirmé non plus au niveau du scénario qui oscille entre critique sociale (pouvoir de l’argent, réussite à tout prix, poids du rang social…) ou dresser le portrait de ces « névrosés » qui se sont trouvés (recherche de pygmalion, homosexualité refoulée, narcissisme…). Bennet prend pourtant son temps, sans vraiment se donner une direction franche. Le film est long, beaucoup trop long et l’on se réjouit presque à chaque fin probable autant qu’on s’agace quand on voit que hop ça continue. Ce n’est pas pour autant un film désagréable mais j’aurai tellement aimé être mis au tapis en sortant, ressentir un peu plus de passion, d’actions, de mouvement... une vraie empreinte sur cette histoire qui dans la réalité est bien plus sordide. On en est loin et l’on reste un peu dans la zone de passivité…