Excellent cinéaste mais hélas peu prolifique (à peine 3 films en 10 ans), Bennett Miller est un réalisateur dont j'ai toujours apprécié la mise en scène. En effet, ce dernier a vraiment un don pour plonger ses films dans des ambiances très particulières et intimes. Foxcatcher confirme cela et démontre une fois de plus tout le talent de ce monsieur.
Dans ce film, Mark Shultz (Channing Tatum) est un peu à l'image du soldat américain revenu de la guerre. Il a représenté son pays aux Jeux Olympiques et remporté la médaille d'or mais depuis, ses concitoyens l'ont oublié et ne semblent avoir que faire de ses exploits. C'est donc avec joie qu'il rejoint l'équipe de John du Pont (Steve Carrell), un riche homme d'affaires voulant créer une équipe de lutte compétitive pour remporter les prochains J.O.
Critiquée par beaucoup, la prestation de Steve Carrell est pourtant excellente. L'homme fait preuve d'une sobriété et d'une gravité adéquate pour son rôle. Véritable incarnation de l'Amérique conservatrice et patriotique, il va prendre sous son aile le jeune Shultz et peu à peu, une relation bizarre, semblable à celle du maître et de l'esclave, va se créer entre les deux hommes. Une relation dans laquelle s'interposera le grand frère de Mark, brillamment interprété par Mark Ruffalo. Le film va alors tourner autour des interactions entre ces trois personnages et prendre une tournure de plus en plus malsaine et tragique.
Au niveau de la mise en scène, celle-ci est tout simplement sublime. L'utilisation de plans fixes et d'une photographie aux décors mornes et froids amplifient le côté sombre d'une histoire maîtrisée de bout en bout. Cette dernière possède différents niveaux de lecture et se révèle être au final une critique pertinente des dérives d'un patriotisme et fanatisme exacerbés.
Très bon tant sur la forme que sur le fond et bénéficiant d'un casting solide, Foxcatcher est un film que je recommande hautement.