J'aurais aimé t'aimer, Legs.
Il manquait quelque chose. Un petit rien. Mais il manquait, ce petit rien, pour que je sois tout à fait séduite par ce film.
J’y allais un peu traînant la patte, la bande-annonce m’avait fait peur : trop de patho, de longues tirades qui risquaient de paraître comme sorties de nulle-part. Et incroyable ! Quelque chose de très doux et âpre, quelque chose de simple mais construit, un sujet bien traité dans une narration efficace.
En un mot, ce qu’on peut appeler un « bon film » (un chef-d’œuvre, c’est autre chose).
Et un bon film, en général, ça plait. Alors que s’est-il passé pour que je garde une certaine réserve, une réserve toute autre que celles auxquelles je m’attendais ?
Legs. La petite nana avec un nom de jambes, oui oui, celle-là même autour de qui tourne tout le film. C’est là que ça pèche. Parce que tout, le film, la bande de filles, les protagonistes et héros secondaires, la narration… tourne autour de cette fille, qui n’est pas attachante.
Ses yeux peuvent s’emplir de larmichettes de compassion, ses amies peuvent être folles d’elle, elle ne touche pas.
Trop extrême, trop réfléchie, trop adulte, trop enfermée dans ses discours, elle en oublie de vivre, et l’on oublie la petite âme humaine au fond de ce roc de femme. On oublie la vie derrière les discours.
Peut-être une romance plus avouée aurait humanisé ce personnage, l’aurait rapprochée de nous. Peut-être alors aurait-ce trahi l’histoire, aurait-ce trahi le personnage elle-même.
Mais le spectateur, lui, reste dans un entre-deux, une jolie histoire, mais qui tourne autour d’un personnage pas assez proche de nous pur qu’on se sente proches de l’histoire même.